jeudi 28 avril 2016

La passion

La souffrance n'est pas le chemin du bonheur. Cette chose que l'on nomme passion doit être comprise et non refoulée ou sublimée, et il ne 
sert à rien de lui trouver un substitut.
La vérité ne se conquiert pas ; elle ne se prend pas d'assaut ; elle vous glissera entre les doigts si vous tentez de la saisir. La vérité vient silencieusement, sans que vous le sachiez. Ce que vous connaissez n'est pas la vérité, ce n'est qu'une idée, un symbole. L'ombre n'est pas le réel.J'utilise le mot passion au sens d'un état d'esprit, un état de notre noyau le plus intime, à supposer qu'il y en ait un, qui ressent les choses avec force, qui est excessivement sensible à toute chose de manière égale - sensible à la saleté, à la crasse, à la misère et à l'immense richesse ; à l'immense corruption ; à la beauté d'un arbre, d'un oiseau et au jaillissement de l'eau, et à l'étang qui reflète le ciel du soir. Sans passion la vie devient vide, creuse, et n'a plus guère de sens.
Krishnamurti : le livre de la méditation et de la vie
20 avril
Comprendre la passion
Est-ce une vie religieuse que de se punir ? (...)  La chasteté est-elle un refus? Pensez-vous que vous irez loin par la voie de la renonciation ? Croyez-vous vraiment que le conflit soit le chemin de la paix ? Le moyen n'est-il pas infiniment plus important que la fin ? Il est possible que la fin soit, mais le moyen, lui, est. Le fait réel, ce qui est, doit être compris, et non pas étouffé par des déterminations, des idéaux et d'habiles rationalisations. (…) Aimer ce que l'on appelle la passion, c'est la comprendre. Aimer, c'est être en communion directe ; et il n'est pas possible d'aimer quelque chose qui vous irrite, si vous avez des idées et des conclusions à son sujet. Comment pouvez-vous jamais aimer et comprendre la passion si vous avez précisément fait un vœu contre elle? Le vœu est une forme de résistance, et ce contre quoi vous résistez finit toujours par avoir raison de vous.

21 avril
La fin et le moyen ne font qu'un 
Pour accéder à la liberté, il n'est rien qui soit nécessaire. Elle ne s'acquiert pas par le marchandage, le sacrifice, l'élimination : ce n'est pas un objet qui s'achète. Si vous agissez par ces moyens-là, vous aurez acquis un objet marchand, et donc pas réel. 
 La chasteté en tant que moyen d'accéder à la libération, à la vérité, est le refus de la vérité. La chasteté n'est pas une pièce de monnaie permettant de se l'offrir ...
Pourquoi pensons-nous que la chasteté est essentielle ? Que signifie pour nous la sexualité ? (...). Notre problème, c'est la sensation et la soif de la renouveler sans cesse. Observez-vous vous-même au lieu d'observer le voisin.
(...) La chasteté ne peut exister que lorsqu'il y a l'amour et sans amour point de chasteté. Sans l'amour, la chasteté n'est autre que de la luxure sous une forme différente. (...) La chasteté cesse de faire problème dès que l'amour est là. Alors l'existence n'est plus un problème, la vie peut être vécue complètement, dans la plénitude de l'amour, et cette révolution donnera naissance à un monde nouveau

22 avril
L'abandon total 
Peut-être n'avez-vous jamais fait l'expérience de cet état d'esprit dans lequel il y a abandon total de toute chose, lâcher-prise absolu. Or on ne peut pas tout abandonner sans être animé d'une passion profonde, n'est-ce pas? L'abandon de tout, sur le plan intellectuel et émotionnel, est impossible. Il n'y a assurément abandon total qu'en cas de passion intense (...) Un homme qui n'est pas intensément passionné ne peut jamais comprendre ou ressentir la qualité de la beauté. L'esprit qui garde quelque chose en réserve, (...) qui s'accroche à sa situation, au pouvoir, au prestige, l'esprit qui est respectable - ce qui est une horreur -, cet esprit-là ne peut jamais s'abandonner.

23 avril
Cette pure flamme de la passion
Il n'y a, chez la plupart d'entre nous, que très peu de passion. Nous pouvons désirer, vouloir intensément quelque chose, ou chercher à fuir quelque chose, et tout cela nous permet d'éprouver une certaine force d'émotion. Mais si (...) nous ne trouvons pas la voie qui mène au cœur de cette flamme de passion qui n'a pas de cause, nous ne pouvons pas comprendre ce qu'on appelle la souffrance. Pour comprendre quelque chose, il faut être passionné et absolument, intensément attentif. Si l'objet de la passion est source de contradiction, de conflit, cette pure flamme de la passion ne peut exister ; or cette pure flamme de la passion doit exister afin de mettre un terme à la souffrance et la dissiper complètement.

24 avril
La beauté est au-delà de toute perception 
(...) Il existe une beauté qui est au-delà du sentiment et de la pensée, qui ne peut être réalisée, comprise, ou connue s'il n'y a la passion. (...) 
La passion n'a absolument rien à voir avec l'émotion et le sentiment. Ce n'est pas une chose respectable ; c'est une flamme qui détruit tout ce qui est faux. Et nous avons toujours tellement peur de laisser cette flamme dévorer tout ce à quoi nous tenons si chèrement, tout ce que nous qualifions d'important.

25 avril
Avoir la passion de tout
Pour la majorité d'entre nous, le mot passion ne veut que pour une seule chose : le sexe ; à moins qu'il ne désigne une souffrance extrême à laquelle on cherche une issue. (…) Si vous n'êtes pas capable de voir la beauté d'un arbre et d'aimer cet arbre, si vous ne pouvez pas l'aimer intensément, vous n'êtes pas vivant.

26 avril
L'amour, c'est la passion 
Vous ne pouvez pas être sensible si vous n'êtes pas passionné. N'ayez pas peur de ce mot, passion. (...) . Sans passion comment peut-on être sensible à la laideur, à la beauté, au chuchotement du feuillage, au coucher de soleil, à un sourire, à un cri? Comment peut-on être sensible sans ce sentiment de passion dans lequel est un abandon ? (...) - une passion qui aime. L'amour est un état dans lequel il n'y a pas de "moi" ; l'amour est un état dans lequel n'existe nulle condamnation, dans lequel on ne dit pas que le sexe c'est bien ou mal, ni que telle chose est bonne et telle autre mauvaise. (...) La contradiction n'existe pas dans l'amour. Et comment peut-on aimer si l'on n'est pas passionné ? Sans passion, comment la sensibilité est-elle possible ? Être sensible, c'est sentir la présence de celui qui est assis là, à côté de vous ; (...) Comment pouvez-vous percevoir un sourire, une larme ?     L'amour, je vous l'assure, c'est la passion.


La vie peut être vécue complètement, dans la plénitude de l'amour, et cette révolution donnera naissance à un monde nouveau. 

27 avril
Esprit passionné, esprit qui explore
(...). J'entends par passion la passion dans tous les sens du terme, et pas seulement la passion sexuelle, qui est bien peu de chose. J'emploie le mot passion pour désigner une chose globale. (...). L'esprit qui est passionné explore, cherche, regarde, demande, exige, il ne se contente pas, face à son insatisfaction, de trouver un objet lui permettant de la combler, pour s'endormir ensuite. 

28 avril 
L'esprit étriqué
(...) Un esprit étriqué s'évertuant à devenir passionné ne fera que réduire toute chose aux dimensions de sa propre petitesse. Cela doit pourtant arriver, et cela ne peut arriver que lorsque l'esprit verra sa propre petitesse sans essayer d'y changer quoi que ce soit. (...) tout esprit rétréci, quelle que soit sa bonne volonté, restera étriqué, et il n'y a pas le moindre doute à ce sujet. L'esprit qui est petit - même s'il est capable d'aller dans la lune, de maîtriser une technique, d'exposer et de défendre des arguments avec habilité - est toujours un petit esprit.
(...) Si le petit esprit voit tout cela, alors la perception même de sa petitesse fait que son activité tout entière subit une métamorphose.

29 avril 
La passion perdue
Le mot n’est pas la chose. Le mot passion n’est pas la passion. Mais avoir la passion, être passionné sans volonté délibérée, sans directive ni intention, être à l’écoute de cette chose qui s’appelle le désir, écouter vos propres désirs, tous ces désirs multiples qui vous animent, des plus forts aux plus ténus – si vous faites l'expérience, alors vous verrez l’immensité des dégâts que vous causez quand vous réprimez le désir, quand vous le détournez, quand vous voulez le satisfaire, quand vous voulez y toucher, quand vous avez une opinion à son sujet. ( …) Or la société – qui est ce que vous êtes – refoule tout cela. Et donc, il faut que l’on s’adapte à vous – qui êtes morts, qui êtes respectables, qui êtes dépourvus de la moindre étincelle de passion ; alors on fait partie de vous, et c’est ainsi qu’on perd cette passion.

30 avril
Une passion sans cause
Il est, dans l’état de passion sans cause, une intensité libre de tout attachement ;  mais lorsque la passion a une cause, il y a attachement, et l’attachement est le commencement de la souffrance. Nous sommes presque tous attachés à quelque chose, accrochés à une personne, à un pays, à une croyance, à une idée, et quand l’objet de notre attachement nous échappe, ou perd d’une manière ou d’une autre de son importance, nous nous retrouvons vides, insuffisants. Nous essayons de combler ce vide en nous accrochant à quelque chose d’autre, qui devient à son tour l’objet de notre passion. (…) Si vous êtes décidés à regarder, alors regardez-vous d'un regard lucide, impitoyable, intense - pas avec l'espoir de dissiper vos malheurs, vos angoisses, votre sentiment de culpabilité, mais dans le but de comprendre cette passion extraordinaire qui conduit toujours à la souffrance.
Lorsque la passion à une cause, elle devient désir insatiable. Lorsque la passion est présente – qu’elle ait pour objet une personne, une idée, une forme d’accomplissement quelconque – alors cette passion est source de contradictions, de conflits, d’efforts.
(…) Mais la passion dont je parle, elle, ne suscite ni contradictions ni conflits. N’étant absolument pas liée à une cause, elle ne peut en aucun cas être un effet.





mercredi 20 avril 2016

Le mariage

photo : Maguii Trujillo
L'amour ne peut naître, ne peut exister que lorsque le moi est absent. Sans l'amour, toute relation est douloureuse; si agréable, ou si superficielle soit-elle, elle conduit à l'ennui, à la routine, a l'habitude, avec tout ce que cela suppose.
Lorsque nous sommes importants, l'amour n'est pas.
La pureté ne voit le jour qu'en présence de l'amour.  
Seul celui qui aime est pur, chaste, incorruptible.
Ce n'est qu'une fois l'esprit et le cœur délivrés de la peur, de la routine des habitudes liées aux sens, ce n'est que lorsque la générosité et la compassion sont là qu'il y a l'amour. Et cet amour est pur. 
 Krishnamurti : le livre de la méditation et de la vie.
15 avril 
Considérations sur le mariage
Nous essayons en ce moment même de comprendre le problème du mariage, qui implique relations sexuelles, amour, compagnonnage, communion. Il va de soi qu'en absence de l'amour, le mariage devient une infamie, ne croyez-vous pas? Il se réduit alors à la simple satisfaction. Aimer est l'une des choses les plus difficiles, n'est ce pas? 
(...) Lorsqu’on réfléchit sur le mariage, sur sa nécessité ou son inutilité, il faut tout d'abord comprendre l'amour. L'amour est chaste, assurément ; sans amour il est impossible d'être chaste : (...) si vous avez un idéal de pureté - c'est-à-dire si vous voulez devenir pur - , là non plus il n'y a pas d'amour. 

16 avril
L'amour est inapte à tout ajustement 
L'amour ne relève nullement de l'intellect. L'amour ne se réduit pas à l'acte sexuel, n'est-ce pas? L'amour est une chose que l'esprit ne peut absolument pas concevoir. L'amour est informulable. On noue pourtant des relations sans amour, et on se marie - sans amour. Alors, au sein de ce mariage, on "s'ajuste" l'un à l'autre. Belle expression ! Vous vous adaptez les uns aux autres, ce qui est une fois de plus, un processus intellectuel, n'est il pas vrai?... (...) Lorsqu'on aime, il n'est pas question d' "ajustement». Il n'y a que la fusion totale.Ce n'est qu'en l'absence d'amour que nous commençons à nous ajuster. Et cet ajustement s'appelle le mariage. D'où l'échec du mariage, puisqu'il est la source même du conflit, de la guerre entre deux personnes. 

17 avril 
Aimer c'est être pur
L'amour ne se réduit pas à la pensée ; les pensées ne sont que l'activité externe du cerveau. L'amour est beaucoup plus profond, beaucoup plus fondamental, et la profondeur de la vie ne peut se découvrir que dans l'amour. Sans amour, la vie n'a pas de sens - et c'est là le côté triste de notre existence. Nous vieillissons sans atteindre la maturité ; (...) Malgré tout ce que nous lisons et disons à propos de la vie, jamais nous n'en avons goûté le parfum. 

18 avril
Penser sans cesse est un gaspillage d'énergie 
Nous passons presque tous notre vie dans l'effort et le conflit; et ces efforts, ces combats, ces luttes, sont un gaspillage d'énergie. (...) vous contrôlez vos instincts, vous luttez contre vous-même sans discontinuer tout au long de votre vie afin de rester fidèle à votre vœu. 
Voyez le gaspillage d'énergie ! Céder aux instincts est aussi un gaspillage d'énergie. 
  
19 avril
L'idéaliste ne peut connaître l'amour 
(...) Un cœur qu'on a soumis à la discipline, aux brimades, ne peut savoir ce qu'est l'amour. Il ne peut connaître l'amour, s'il est englué dans les habitudes, dans les sensations - qu'elles soient de nature religieuse ou physique, d'ordre psychologique ou sensuel. L'idéaliste est un imitateur, il ne peut donc pas connaître l'amour. Il ne peut pas être généreux, s'abandonner complètement sans songer à lui-même. 




lundi 11 avril 2016

La sexualité


La sexualité pose problème car c’est selon toute vraisemblance dans l’acte sexuel que le moi est le plus totalement absent. 
Le problème, assurément, ce n’est pas le sexe, mais c’est de savoir comment se libérer du moi.
Nous vivons dans le superficiel, et nous sommes satisfaits de vivre à ce niveau, avec tous les problèmes que cela suppose.
Pourquoi faisons-nous un problème de tout ce que nous touchons? Pourquoi acceptons-nous de vivre avec des problèmes? 
Quand l'amour est là, le problème est simple; quand l'amour est absent, le problème se complique. Seul l'amour est capable de transformer l'insanité, la confusion et le conflit.
Comment pouvez-vous aimer en ayant dans le cœur tous ces facteurs de confusion ?
Quand il y a de la fumée, comment peut-il y avoir de flamme pure ?
Krishnamurti : le livre de la méditation et de la vie 
                                                                                                         
8 avril
La sexualité
 Dans ces moments-là, on est heureux, parce que la conscience de soi, la conscience du « moi » cesse d’exister ; et le désir de renouveler cette expérience de renonciation au moi qui apporte le bonheur parfait, sans passé ni futur, l’exigence de ce bonheur complet qu’apporte la fusion, l’intégration totale, font que naturellement l’acte sexuel prend une importance extrême. N’est-ce pas exact ? (…) Pourquoi est-ce que j’en redemande ? Parce que partout ailleurs je suis en conflit, à tous les niveaux divers de l’existence, l’ego ne cesse de se renforcer. (…)  En définitive, on n’a conscience de soi-même que lorsqu’il y a conflit. La conscience de soi est par sa nature même le corollaire du conflit.
 Le problème, assurément, ce n’est pas le sexe, mais c’est de savoir comment se libérer du moi. Vous avez goûté cette saveur d’être, cet état dans lequel le moi, n’est plus, (…) D’où ce désir perpétuel de renouveler sans cesse cet état où l’on est libéré du moi.

9 avril
L’ultime évasion
Qu’entendons-nous par le « problème » de la sexualité », Le problème concerne-t-il l’acte sexuel, ou le fait d’y penser ? Assurément, ce n’est pas l’acte qui est en cause. L’acte sexuel, ne vous pose pas plus de problème que l’acte de manger, mais si vous pensez à longueur de journée à la nourriture, ou à quoi que ce soit d’autre, parce que vous n’avez rien d’autre à quoi penser, alors cela devient pour vous un problème…(…) pourquoi au juste l’esprit pense-t-il au sexe ? (…) Parce que c’est l’ultime voie d’évasion, n’est-ce pas ? C’est la voie de l’oubli total de soi-même. (…) Toutes les autres  activités de votre vie ne font que renforcer le « moi ». Votre travail, votre religion, vos dieux, vos leaders, votre action sur le plan politique et économique, vos échappatoires, vos activités sociales, votre rejet d’un parti et votre adhésion à un autre – tout cela donne de l’importance et de la force au « moi »…

10 avril
Nous avons fait de la sexualité un problème
Pourquoi ne mourons-nous pas à nos problèmes, au lieu de les porter, jour après jour, année après année ? (...) Pourquoi faisons-nous de la vie un problème ? Le travail, le sexe, l’argent qu’il faut gagner, la pensée, le sentiment, l’expérience, bref, tout ce qui fait la vie – pourquoi tout est-il problème ?
La raison essentielle n’est-elle pas que nous pensons toujours à partir d’un point de vue particulier, un point de vue fixé ? Notre pensée part toujours de notre centre pour aller vers la périphérie, mais pour la plupart d'entre nous, c’est la périphérie qui constitue notre centre, donc tout ce que nous touchons est superficiel. Or la vie n’est pas superficielle ; elle exige d’être vécue complètement, mais parce que nous ne vivons que d’une manière superficielle, nous ne connaissons que des réactions superficielles. (…) tant que nous vivons dans le champ étroit de l’esprit, il ne peut y avoir que complications et problèmes ; et c’est tout ce que nous connaissons.

11 avril
Que signifie pour vous l’amour ?
L’amour est l'inconnaissable, il ne peut être appréhendé que lorsque le connu est compris et transcendé. Seulement lorsque l’esprit est libéré du connu, alors seulement sera l’amour. Nous devons donc aborder l’amour en le définissant « en négatif », à partir de ce qu’il n’est pas, et non le contraire.
Qu’est-ce que l’amour, pour la majorité d’entre nous ? Lorsque nous aimons, il entre dans notre amour de la possessivité, des rapports de domination ou soumission. Cette possessivité engendre la jalousie et les innombrables conflits que chacun de nous connaît bien. La possessivité n’est donc  pas l’amour. L’amour n’est pas non plus sentimental. (…) la sensibilité et les émotions ne sont que des sensations. (…) Là où est l’amour, il n y a ni possessivité, ni jalousie, mais une miséricorde et une compassion qui ne sont pas théoriques mais réelles. (…) Quand vous cessez d’exister en tant que « vous » alors vient la bénédiction de l’amour.

12 avril
Tant que nous possédons, nous n’aimons pas
(…) Quand vous dites que vous aimez quelqu’un, cet amour implique tout cela : la jalousie, le désir de posséder, d’avoir à soi, de dominer, la peur de perdre l’autre, et ainsi de suite. Nous appelons cela l’amour, alors que nous ne savons pas aimer sans peur, sans jalousie, sans possession ; cet autre état d’amour, qui est dénué de peur, nous le réduisons à de simples mots ; de cet amour-là, nous disons qu’il est impersonnel, pur, divin, ou que sais-je encore : mais dans les faits, nous sommes jaloux, dominateurs, possessifs. (…) La personne que vous dites aimer vous manque donc seulement lorsque vous êtes perturbé, en proie à la souffrance ; mais tant que vous possédez cette personne, vous n’avez pas besoin penser à elle, parce que dans la possession rien ne vient vous perturber…
(…) Assurément, l’amour n’est pas une chose de l’esprit ; et c'est parce que les choses de l’esprit envahissent depuis toujours notre cœur que nous n’aimons pas. Les choses de l’esprit, ce sont la jalousie, l’envie, l’ambition, le désir d’être quelqu’un, d’accéder à la réussite. (…) mais comment pouvez-vous aimer en ayant dans le cœur tous ces facteurs de confusion ?
Quand il y a de la fumée, comment peut-il y avoir de flamme pure ?

13 avril
L’amour n’est pas un devoir
(…) Quand l’amour est là, le mot devoir disparaît. Seul celui qui n’a point d’amour dans le cœur parle de droits et de devoirs, et dans ce pays les droits et les devoirs ont remplacé l’amour. Les règles sont devenues plus importantes que la chaleur et l’affection. (…) Je sais que vous ne faites que rire de tout cela – l’une des astuces des gens irresponsables est de tourner les choses en dérision pour mieux les fuir. (…) Seule une société statique, décadente, parle de devoirs et de droits. Si vous sondez vraiment vos cœurs et vos esprits, vous découvrirez que vous êtes dénués d’amour.

14 avril
Une vue de l’esprit
Ce que nous appelons notre amour est une vue de l’esprit. (…) Or l’amour n’est pas une fusion, un ajustement réciproque – il n’est ni personnel ni impersonnel, c’est une modalité d’être, un état.
L’amour ne connaît ni fusion ni diffusion, il n’est ni personnel ni impersonnel, c’est un état d’être que l’esprit n’est pas apte à trouver ; il peut le décrire, le désigner, le nommer, mais le mot, la description ne sont pas l’amour. Ce n’est que lorsque l’esprit est silencieux et immobile qu’il peut connaître l’amour, et cet état de tranquillité n’est pas une chose qui se cultive.









lundi 4 avril 2016

Le désir

Pictures courtesy of Krishnamurti Foundation Trust Ltd
Nous devons comprendre le désir ; mais il est très difficile de comprendre quelque chose d’aussi essentiel, d’aussi exigeant, d’aussi urgent, car dans l’accomplissement même du désir naît la passion, avec le plaisir et la douleur qui y sont associés.
Le désir doit être compris, et non anéanti. Si vous anéantissez le désir, vous risquez d’anéantir la vie elle-même.
Il n’y a pas d’entité distincte du désir : il n’y a que le désir, il n’y a pas de sujet qui désire.
Le désir se manifeste – c’est une réaction saine, normale ; sans cela, je serais mort. Mais la recherche constante de sa satisfaction est cause de douleur.
Avez-vous déjà essayé de mourir à un plaisir, délibérément et pas sous la contrainte ?
                                                           Krishnamurti : le livre de la méditation et de la vie.
1er avril
Il n’y a que le désir
 Le désir prend des masques différents à différentes époques, selon ses intérêts. Le souvenir de ces intérêts changeants affronte l’inédit, ce qui provoque le conflit, et c’est ainsi que naît celui qui choisit, qui se fonde en entité séparée et distincte du désir. Mais l'entité n’est pas différente de ses qualités. L’entité qui essaye de combler ou de fuir le vide, l’incomplétude, la solitude, n’est pas différente de ce à quoi elle cherche à échapper : elle est ce vide, cette incomplétude, cette solitude. Elle ne peut pas se fuir elle-même ; tout ce qu’elle peut faire, c’est se comprendre elle-même. Lorsque cette entité fera l’expérience directe du fait qu’elle et sa solitude ne font qu’un, alors seulement pourra disparaître la peur. (…) Le mot « solitude », lourd de ses souvenirs de souffrance et de peur, empêche qu’on ait de la solitude une expérience fraîche et neuve. Le mot est souvenir, et lorsque le mot n’a plus d’importance, la relation entre le sujet et l’objet de l’expérience est radicalement différente ; alors cette relation est directe et ne passe plus par le mot, par le souvenir ; alors celui qui fait l’expérience est l’expérience, qui seule libère de la peur.

2 avril
Comprendre le désir
(…) On ne peut pas juger le désir comme étant bon ou mauvais, noble ou ignoble, ni dire : « Je vais garder ce désir et rejeter celui-là. » Il faut écarter tout cela pour pouvoir découvrir la vérité du désir.

3 avril
Le désir doit être compris
(…) Nous connaissons la douleur, les remous, l’angoisse du désir, et les tentatives pour le maîtriser, le contrôler. Et dans cet éternel combat qui nous oppose à lui, nous le déformons, le distordons, jusqu’à le rendre informe et méconnaissable, mais il est là, (…) car le désir, doit être compris, (…) Si vous pervertissez le désir, si vous le modelez, le contrôlez, le dominez, le refoulez, peut-être êtes-vous en train de détruire quelque chose d’extraordinairement beau.

4 avril
La qualité du désir
(…) Etre pleinement conscient lorsqu’on pénètre dans une pièce, voir tout le mobilier, remarquer le tapis ou en noter l’absence, et ainsi de suite – ne rien faire d’autre que voir les choses, en avoir conscience sans aucune notion de jugement – c’est très difficile. (…) Et si l’on agit de même face au désir, si on vit avec lui sans le nier et sans dire : « Que vais-je faire de ce désir ? Il est si laid, si sournois, si violent » - sans lui donner de nom ni lui associer un symbole, sans le camoufler sous un mot -, alors le désir est-il encore cause d’agitation ?
(…) Est-il donc possible d’avoir conscience de la totalité du désir ? (…) L’essence même du désir global.


5 avril
Pourquoi le plaisir nous serait-il refusé ?

Vous voyez un magnifique coucher de soleil, un bel arbre, le mouvement et les larges courbes d’un fleuve, un beau visage et vous prenez grand plaisir à le regarder. Quel mal y a-t-il à cela ? Il me semble que la confusion et la souffrance commencent lorsque ce visage, ce fleuve, ce nuage, cette montagne deviennent un souvenir, et ce souvenir réclame une prolongation du plaisir ; nous voulons que ces choses-là se répètent. (…) et je crois que c’est là que le plaisir commence à obscurcir l’esprit et qu’il crée des valeurs qui sont fausses, hors de toute réalité. (…) Parce que si la vie se résume au plaisir, et si c’est cela que nous voulons, le plaisir s’accompagne aussi de souffrance, de confusion, d’illusions et des fausses valeurs que nous créons – et il n’y a donc pas la moindre clarté.


­6 avril
Une réaction saine et normale
Le désir se manifeste – c’est une réaction saine et normale ; sans cela je serais mort. (.. .) Mais qu’est-ce qui permet au plaisir de se prolonger ?
Évidement c’est le fait d’y penser, c’est la pensée…
J’y pense. Il ne s’agit plus d’une relation directe avec l’objet, mais à présent la pensée amplifie ce désir, en y songeant, en évoquant des images, des idées…
Mais je peux regarder l’objet du désir, éprouver le désir, et m’en tenir là, sans aucune interférence de la pensée.


7 avril
Mourir à toutes ces petites choses
Avez-vous déjà essayé de mourir à un plaisir, délibérément et pas sous la contrainte ? (…) Avez-vous déjà essayé de mourir volontairement, sans effort, avez-vous éprouvé ce sentiment de d’abandon du plaisir ? (…) la vie, c’est l’existence vécue, l’abondance, la plénitude, l’abandon – pas la perception de la signification du « je ». (…) Si vous faites l’expérience  de la mort aux petites choses de la vie – c’est déjà bien. Essayez simplement de mourir aux petits plaisir – avec facilité, avec aisance, avec le sourire -, cela suffit déjà, car vous verrez alors que votre esprit est capable de mourir à des quantités de choses, de mourir à tous les souvenirs.
(…) L’esprit qui est jeune meurt à toute chose. Etes-vous capables de voir cette vérité, de la percevoir, instantanément ? Peut-être ne saisirez-vous pas entièrement la portée extraordinaire de tout cela, son immense subtilité, la beauté de cette mort, sa richesse, mais par le simple fait d’écouter, ces paroles seront comme une semence qui va prendre racine, et ce , non seulement au niveau superficiel de la conscience claire, mais jusque dans les couches profondes de l’inconscient.