lundi 22 février 2016

L'action

Pourquoi les idées prennent-elles racine dans notre esprit ? Pourquoi les faits – et non les idées – ne prennent –ils pas la place prééminente ?

Serait-ce que nous ne savons pas comprendre les faits, que nous ne sommes pas capables, ou que nous avons peur d’y faire face ? Les idées, les spéculations, les théories sont donc un moyen d’éluder le fait… Mais vous aurez beau fuir, quoi que vous fassiez, les faits sont têtus...
Les idées ne sont pas la vérité : la vérité doit être vécue directement, d'instant en d'instant.
Quand on aime, y a-t-il la moindre idée ? Et nous ne pouvons connaître la voie de l’amour que si nous connaissons la voie de l’idée, et renonçons à l’idée – et c’est cela, agir.

Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie



15 février
L’observation directe
(…) Les idées ne nous font-elles pas gaspiller notre énergie ? Les idées ne rendent–elle pas l’esprit obtus ? (…) Vous effacez d’un seul coup le conflit des contraires si vous vivez avec le fait, et vous libérez ainsi l’énergie de faire face au fait réel. (…) Si j’affronte le fait (…) il n’y a pas de contradiction ; d’opposition ; mon esprit se sent alors entièrement concerné par ce qui est, totalement impliqué dans la compréhension de ce qui est.

16 février
L’action sans l’idée
Ce n’est que lorsque l’esprit se libère des idées que l’expérience est réellement vécue. (…) L’état d’expérience n’existe que lorsqu’on va au-delà de ce paquet d’idées qu’est le « moi », qui est la faculté de penser – car alors l’esprit est complètement silencieux, et l’on peut savoir ce qu’est la vérité.

17 février
Agir sans le processus de la pensée
(…) La pensée est toujours une réaction du conscient ou de l’inconscient. La pensée est un processus de verbalisation, qui est le résultat de la mémoire ; la pensée est donc le processus du temps. Donc, quand l’action est fondée sur ce processus de pensée, elle ne peut qu’être conditionnée, isolée. Une idée finit toujours par s’opposer à une autre, par être dominée par une autre. (…) Nous constatons que l’idée sépare les individus. (…) Lorsque l’action se fonde sur une croyance, une idée, ou un idéal, cette action est inévitablement isolée, fragmentée. Est-il possible d’agir sans qu’intervienne le processus de la pensée, celle-ci étant un processus de temps, de calcul, d’autoprotection, de croyance, de déni, de condamnation, de justification ?

18 février
Les idées limitent-elles l’action ?
(…) L’action dictée par une idée ne peut jamais libérer l’homme. (…) Si l’action est façonnée par une idée, elle ne peut jamais apporter une solution à nos misères, par ce que pour qu’elle puisse être effective, nous devons d’abord connaître l’origine de l’idée qui l’a déterminée.

19 février
L’idéologie fait obstacle à l’action
(…) Nous voulons la paix, mais seulement entant qu’idée, pas entant que réalité effective. Nous ne voulons la paix que verbalement, c'est-à-dire uniquement au niveau de la pensée, niveau que nous qualifions orgueilleusement d’intellectuel. Mais le mot paix, ce n’est pas la paix. La paix ne pourra être que lorsque cessera la confusion dont vous et d’autres êtes les artisans. (…) Nous nous préoccupons de réparer les séquelles des guerres, mais nous en négligeons les causes. Cette recherche n’apportera que des réponses conditionnées par le passé. Ce conditionnement, c’est ce que nous appelons le savoir, l’expérience ; et les nouvelles données mouvantes sont traduites, interprétées en fonction de ce savoir acquis. Il y a donc conflit entre ce qui est et l’expérience passée.

20 février
L’action sans idéation
L’idée est résultat du processus de la pensée, le processus de la pensée est un processus de la mémoire et la mémoire est toujours conditionnée. Elle est toujours dans le passé, mais ne prend vie que lorsqu’un défi la stimule. La mémoire n’a aucune vie en soi ; mais elle en assume dans le présent sous le coup d’un défi. Et toute mémoire qu'elle soit en sommeil ou active, est conditionnée. C’est donc autrement qu’il faut aborder la question, (…) et chercher à percevoir en soi-même, intérieurement, si l’on agit sur la base d’une idée, ou s’il peut exister une action sans idéation.

21 février
Agir sans l’idée : La voie de l’amour 
(…) Le penseur est toujours conditionné et n’est jamais libre ; (…)  Est-il possible d’agir sans l’idée ? Oui, et c’est la voie de l’amour. L’amour n’est pas une idée, ce n’est pas une sensation ; ce n’est pas une souvenir ; ce n’est pas un sentiment de subordination, un système d’autoprotection. Nous ne pouvons appréhender la voie de l’amour que si nous comprenons tout le processus de l’idée.  Est-il donc possible d’abandonner les autres voies et d’apprendre à connaître la voie de l’amour, qui est l’unique rédemption ? (…) Nous ne pouvons connaître la voie de l’amour que si nous connaissons la voie de l’idée, et renonçons à l’idée – et c’est cela, agir.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire