Toutes
les religions affirment depuis toujours que le temps est nécessaire – le temps
psychologique dont nous parlons ici. (…) Nous voulons savoir s’il est ou non
possible de se libérer de la peur de façon immédiate. Dans le cas contraire, la
peur engendre le désordre, le temps psychologique suscite inévitablement en
nous le désordre.
Il
est évident que le temps est l’essence même de la pensée : la pensée, c’est
le temps. Tant que le temps existe comme moyen de parvenir à quelque chose, l’esprit
est incapable à transcender – aller au-delà de soi même est la qualité propre à
l’esprit neuf, qui lui, s’est libéré du temps. La peur et le
temps sont inséparables. Le temps c’est
le mouvement qui part de ce qui est pour aller vers « ce qui
devrait être ». « Ce
qui devrait être » n’est qu’une idée, une fiction, qui ne correspond pas à
« ce que je suis » qui, en revanche, est le fait réel, et « ce que je suis » ne peut subir de
changement que lorsque je comprends ce désordre qu’engendre le temps.
Le temps est un poison ; il suscite
le désordre. Si ce fait est bien réel pour vous, alors vous allez comprendre de
mieux en mieux comment vous délivrer instantanément de la peur. Il se peut, en fait, qu’il y ait une tout autre
espèce de temps.Il faut accepter le
temps physique, si l’on veut pouvoir attraper un bus ou un train, mais si l’on
rejette complètement le temps psychologique, alors on accède à un temps tout à
fait autre, sans aucun rapport avec les deux autres formes de temps.
J’aimerais tellement que vous puissiez pénétrer avec moi dans ce temps !
Alors, le temps n’est plus le désordre, mais l’ordre le plus formidable qui
soit.La vérité ou la compréhension surgit comme un
éclair, et ce flash n’a pas de continuité ; il n’est pas dans le champ du
temps. Comprendre est quelque chose de frais, d’instantané ;
ce n’est pas le prolongement du passé.
Si l’esprit sait percevoir en toute lucidité tout le mécanisme de la conscience, voir tout ce que signifient la continuité et le temps, (...) il se pourrait alors qu’il y ait une mort qui soit un véritable état créatif transcendant totalement le temps.
Si l’esprit sait percevoir en toute lucidité tout le mécanisme de la conscience, voir tout ce que signifient la continuité et le temps, (...) il se pourrait alors qu’il y ait une mort qui soit un véritable état créatif transcendant totalement le temps.
Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie
1er octobre
La solution n’est pas du côté du temps
(…) Je constate toute cette notion d’évolution
– non pas celle de l’être physique, mais celle de la pensée, qui s’est
identifiée à une forme particulière d’existence liée au temps. Le cerveau de
toute évidence, a évolué pour parvenir, à son stade actuel, et il est toujours
susceptible d'évoluer, de se développer encore. Mais en tant qu’être humain, (…)
Pouvons-nous, tout en étant constitués comme nous le sommes, nous libérer de la peur et du temps
psychologique ?
Le temps physique doit exister :
nul ne peut y échapper. Mais la question est de savoir si le temps
psychologique est en mesure d’apporter l’ordre non seulement à l’individu, mais
aussi à la société. Nous faisons partie de la société, nous n’en sommes pas
isolés. Que l’ordre règne au-dedans, au sein d’un être humain, et il règnera
forcement au-dehors, dans la société.
2 octobre
Un état hors du temps
3 octobre
(…) Pour prendre un autobus, ne pas rater le
train ou un rendez-vous prévu pour demain, le temps chronologique est
nécessaire. Mais, d’un point de vue psychologique, demain a-t-il une existence réelle ?
Ou ce demain est-il créé par la pensée, qui, au vu de l’impossibilité de tout
changement direct, immédiat, invente ce système de progression graduelle ?
Je vois bien moi-même en tant qu’êtres humain, qu’il est terriblement difficile
de mettre en œuvre, dans ma manière de vivre, de penser, de ressentir, et dans
mes actions, une révolution radicale, et je me dis : « Il me faudra
du temps, mais, je vais changer demain, ou dans un mois. » C’est de ce
temps-là dont nous parlons ici :
(…) Ce que je fus hier opère à travers le présent pour créer le futur. C’est un phénomène relativement simple. J’ai vécu, il y a un an, une expérience qui a laissé une empreinte dans mon esprit, et je traduis le présent en fonction de cette expérience, du savoir, de la tradition, du conditionnement, et c’est ainsi que je crée ce lendemain. Je suis prisonnier de ce cercle. C’est cela qu’on appelle la vie ; c’est cela qu’on appelle le temps. (…) Mais si nous voulons comprendre cet autre état – il faut parvenir à savoir si l’esprit peut être totalement libéré de toute expérience – c’est-à-dire délivré du temps.
(…) Ce que je fus hier opère à travers le présent pour créer le futur. C’est un phénomène relativement simple. J’ai vécu, il y a un an, une expérience qui a laissé une empreinte dans mon esprit, et je traduis le présent en fonction de cette expérience, du savoir, de la tradition, du conditionnement, et c’est ainsi que je crée ce lendemain. Je suis prisonnier de ce cercle. C’est cela qu’on appelle la vie ; c’est cela qu’on appelle le temps. (…) Mais si nous voulons comprendre cet autre état – il faut parvenir à savoir si l’esprit peut être totalement libéré de toute expérience – c’est-à-dire délivré du temps.
3 octobre
L’essence même de la pensée
La
pensée, c’est le temps ; la pensée, c’est le mécanisme de la mémoire qui
crée le temps sous forme d’hier, d’aujourd’hui et demain, sous forme de ce qui
nous permet de nous accomplir, et qui nous tient lieu de mode de vie. Le temps
revêt pour nous une importance extrême – vie après vie, une vie menant à une
autre vie, qui est modifiée, qui continue. (…) C’est le temps qu’il crée la
frustration et les conflits, car la perception immédiate du fait, toute vision
lucide du fait, est en dehors du temps…
Donc, pour comprendre la peur, nous devons avoir pleinement conscience du temps
– le temps en tant que distance, d’espace, de « moi », créés par la
pensée sous forme d’hier, aujourd’hui, demain, pensée qui utilise le souvenir de l’hier pour s’adapter au présent et conditionner ainsi le futur. (…) Tout esprit
qui est piégé dans les ramifications complexes de la peur ne peut jamais être
libre ; il ne peut jamais comprendre la peur dans sa totalité s’il ne
comprend le temps dans toute sa complexité. La peur et le temps sont
inséparables.
4 octobre
Ce désordre que crée le temps
Le
temps c’est le mouvement qui part de ce qui est pour aller vers « ce
qui devrait être ». (…) Passer de ce qui est à « ce qui
devrait être » demande du temps. Et le temps implique un effort occupant l’intervalle
entre ce qui est à « ce qui devrait être » (…) Nous sommes
pris dans un conflit permanent entre ce qui est à « ce qui devrait
être ». « Ce qui devrait être » n’est qu’une idée, une fiction,
qui ne correspond pas à « ce que je suis » - qui, en revanche, est le
fait réel ; et « ce que je suis » ne peut subir de changement
que lorsque je comprends ce désordre qu’engendre le temps. (…) Si je laisse le
champ libre à la peur, je vais provoquer un désordre permanent. (…) Aucun
processus graduel ne permet de se libérer de la peur, de même qu’aucun
processus graduel ne permet de se débarrasser du nationalisme.
5 octobre
Le temps est un poison
Vous avez dans salle de bains un flacon étiqueté « poison »,
et vous savez que c’est du poison ; vous faites très attention à ce
flacon, même dans le noir. (…) vous êtes donc extrêmement vigilant. Le temps est un poison ; il suscite le
désordre. Si ce fait est bien réel pour vous, alors vous allez comprendre de
mieux en mieux comment vous délivrer instantanément de la peur.
Le temps est un poison ;
il suscite le désordre. Si ce fait est bien réel pour vous, alors vous allez
comprendre de mieux en mieux comment vous délivrer instantanément de la peur. (…)
Mais ce n’est pas tout : il se peut, en fait, qu’il y ait une tout autre
espèce de temps. Nous ne connaissons que deux type de temps : le temps
physique et le temps psychologique, et nous sommes piégés dans le temps. Le
temps physique joue un rôle important dans le psychisme, qui à son tour a une
influence sur tout ce qui est physique. Nous nous trouvons pris dans cette bataille,
soumis à cette influence. Il faut accepter le temps physique, si l’on veut
pouvoir attraper un bus ou un train, mais si l’on rejette complètement le temps
psychologique, alors on accède à un temps tout à fait autre, sans aucun rapport
avec les deux autres formes de temps. J’aimerais tellement que vous puissiez
pénétrer avec moi dans ce temps ! Alors, le temps n’est plus le désordre,
mais l’ordre le plus formidable qui soit.
6 octobre
Un flash de vérité
La
vérité ou la compréhension surgit comme un éclair, et ce flash n’a pas de
continuité ; il n’est pas dans le champ du temps. Il vous suffit de le
constater vous-même. Comprendre est quelque chose de frais, d’instantané ;
ce n’est pas le prolongement du passé. Le passé ne vous permettra jamais de
comprendre. Tant qu’on est à la recherche d’une continuité – qu’on a soif de
permanence, en amour, et dans ses relations, ou qu’on recherche la paix
éternelle, et tout ce qui s’ensuit – on est à la poursuite de quelque chose qui
est dans le périmètre du temps et qui, par conséquent, n’appartient pas à ce
qui est hors du temps.
7 octobre
Une quête vaine
(…)
Toute l’activité de notre pensée est fondée sur le temps. Et c’est avec cet
esprit-là que nous cherchons à trouver ce qui est immortel, ce qui est au-delà
du temps – quête tout à fait vaine. Et qui n’a aucun sens, sauf pour les
philosophes, les théoriciens et autres penseurs.
(…) Notre esprit peut-il, tandis que nous vivons dans ce monde imbriqué dans le temps, faire éclore un état dans lequel le sujet et l’objet de l’expérience soient sans fondement ? Tant qu’il y a un sujet qui vit l’expérience, un observateur, un penseur, il y a la peur de cesser d’exister, et par conséquent la peur de la mort…Si l’esprit sait percevoir en toute lucidité tout le mécanisme de la conscience, voir tout ce que signifient la continuité et le temps, constater le futilité de cette quête qui prétend découvrir ce qui est au-delà du temps tout en passant par lui – si l’esprit sait voir cela lucidement, il se pourrait alors qu’il y ait une mort qui soit un véritable état créatif transcendant totalement le temps.
(…) Notre esprit peut-il, tandis que nous vivons dans ce monde imbriqué dans le temps, faire éclore un état dans lequel le sujet et l’objet de l’expérience soient sans fondement ? Tant qu’il y a un sujet qui vit l’expérience, un observateur, un penseur, il y a la peur de cesser d’exister, et par conséquent la peur de la mort…Si l’esprit sait percevoir en toute lucidité tout le mécanisme de la conscience, voir tout ce que signifient la continuité et le temps, constater le futilité de cette quête qui prétend découvrir ce qui est au-delà du temps tout en passant par lui – si l’esprit sait voir cela lucidement, il se pourrait alors qu’il y ait une mort qui soit un véritable état créatif transcendant totalement le temps.
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