vendredi 4 mars 2016

La dépendance

Pictures courtesy of Krishnamurti Foundation Trust Ltd
Avez-vous déjà examiné la question de la dépendance psychologique ? Si vous l’approfondissez vraiment, vous constaterez que nous sommes presque tous terriblement seuls. Nous avons le plus souvent un esprit tellement superficiel et vide ! Nous ignorons le plus souvent ce que signifie l’amour. C’est cette solitude, cette insuffisance, cette privation de vie, qui nous incite à nous attacher à quelque chose.
 La peur de l’incertitude, la peur de n’être rien, conduit à l'attachement, à la possession.
Le "moi" est la possession.
L'amour seul partage, seul il peut communier ; mais le renoncement et le sacrifice de soi sont les voies de l'isolement et de l'illusion.
                   Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie



 

1er mars
L’esprit libre est humble
(…) Toute forme de résistance engendre une dépendance. Et l’esprit qui est dépendant ne peut jamais être libre. (…) Un esprit qui est libre a en lui l’essence de l’humilité. Cet esprit-là, qui est libre, et par conséquent plein d’humilité, est capable d’apprendre, contrairement à l’esprit qui résiste. Apprendre est une chose extraordinaire – apprendre,  et non accumuler des connaissances. L’accumulation du savoir est une tout autre affaire. Ce que nous appelons le savoir est relativement facile, car c’est un mouvement qui va du connu vers le connu. Mais apprendre est un mouvement du connu vers l’inconnu – c’est seulement ainsi que l’on apprend, n’est-ce pas ?

2 mars
Une dépendance jamais remise en cause
(…) Est-il possible que l’esprit  puisse jamais se libérer de ce sentiment de dépendance ?
(…) Jamais nous ne nous demandons pourquoi chacun d’entre nous est en quête d’une certaine forme de dépendance. N’est-ce pas par ce qu’il y a au plus profond de nous cette exigence réelle de sécurité, de permanence ? Plongés dans un état de confusion, nous voulons que quelqu’un d’extérieur nous tire de cet état. Nous  cherchons donc sans cesse le moyen de fuir ou d’éviter l’état dans lequel nous nous trouvons. (…) Mais jamais nous ne remettons fondamentalement en question le problème de la dépendance en soi. Pourquoi sommes-nous dépendant ?
Si nous parvenons à explorer le cœur de ce problème, de manière intelligente et pleinement lucide, alors peut-être découvrirons-nous que la dépendance n’est pas du tout le vrai problème – ce n’est qu’un moyen de fuir une réalité plus profonde.

3 mars
Les causes profondes de la dépendance
(…) Quel est donc le problème fondamental ? Est-ce la haine et la crainte qui hantent l’esprit à l’idée d’être seul ? Mais cet état qu’il essaye d’éviter, l’esprit le connaît-il ? Tant que la solitude n’est pas réellement comprise, ressentie, pénétrée, dissipée – peu importe le terme -, tant que persiste ce sentiment de solitude, la dépendance est inévitable, et on ne peut jamais être libre ; on ne peut jamais découvrir par soi-même ce qu’est la vérité, ce qu’est la religion.

4 mars
Une conscience plus profonde
La dépendance déclenche un double mouvement de distance et d’attachement, un conflit perpétuel et sans issue, s’il n’est pas compris. (…) Si vous devenez intensément perceptif, et si vous attelez consciemment votre pensée à la compréhension de la pleine signification du besoin et de la dépendance, votre esprit conscient sera ouvert et lucide à ce sujet ; alors le subconscient avec ses mobiles cachés, ses exigences, et ses intentions occultes, se projettera dans le conscient. C’est alors le moment où il faut étudier et comprendre tous les messages de votre inconscient. (…) Ainsi s’installe une conscience permanente qui, avec patience et douceur, apportera l’intégration ; et pour peu que votre santé et votre alimentation soient correctes, cela vous apportera en retour la plénitude totale.

5 mars
La relation
Quelle que soit notre interdépendance, nous nous utilisons réciproquement en vue de certaines fins, des certains buts.  Si elle vise une fin, la relation n’est pas. Vous pouvez m’utiliser, et je peux, moi aussi, vous utiliser. Mais dans cette utilisation  mutuelle, nous perdons contact. Une société fondée sur l’exploitation mutuelle est le fondement de la violence. Lorsque nous utilisons autrui, nous n’avons d’autre image en tête que le but à atteindre. Cette finalité, ce gain, font obstacle à toute relation, à toute communion. Dans l’utilisation de l’autre, si gratifiante et si rassurante soit-elle, il entre toujours de la  peur. Pour éviter cette peur,  il nous faut posséder. Cette possession suscite la jalousie, la défiance, et les conflits perpétuels. Une telle relation ne peut jamais apporter le bonheur.
 (…) Comment pouvez-vous communier avec autrui si vous vous servez de lui comme d’un meuble, à votre convenance et pour votre confort ? Il est donc essentiel de comprendre le sens de la relation dans la vie quotidienne.

6 mars
Le « moi » et la possession
Nous possédons parce que sans possession nous ne sommes rien. Les possessions sont multiples et variées. Celui qui ne possède pas de biens matériels peut être attaché au savoir, aux idées, un autre peut être attaché à la vertu, un autre à l’expérience, un autre au nom et à la renommée, et ainsi de suite. Sans possession, le «  moi » n’est pas; le « moi » est la possession, le mobilier, la vertu, le nom. (…) lorsque la possession est insatisfaisante, ou devient douloureuse, nous y renonçons au profit d’un attachement plus agréable.
(…) Tant que vous ne voulez pas être rien, ce qu’en fait vous êtes, vous engendrez immanquablement la souffrance et l’antagonisme. Accepter de n’être rien n’est pas affaire de renonciation, d’obligation intérieure ou extérieure, mais de voir la vérité de ce qui est. Voir la vérité de ce qui est libère de la peur de l’insécurité, cette peur qui engendre l’attachement et conduit à l’illusion du détachement, du renoncement. L’amour de ce qui est est le commencement de la sagesse.

7 mars
L’exploiteur exploité   
(…) Nous aimons généralement exploiter et être exploité, et ce système en donne les moyens, qu’ils soient secret ou qu’ils s’étalent au grand jour. Exploiter c’est être exploité. Le désir d’utiliser les autres pour ses propres fins psychologiques mène à la dépendance, et lorsque vous dépendez, vous devez possédez, détenir ; et ce que vous possédez vous possède.
Sans une dépendance, subtile ou grossière, si vous ne possédez pas des choses, des gens et des idées, vous êtes vide, vous êtes une chose sans importance. Vous voulez être quelque chose, et pour échapper à cette peur de n’être rien, qui vous ronge, vous appartenez à telle ou telle organisation, telle ou telle idéologie, telle église ou tel temple, vous êtes donc exploité et à votre tour vous exploitez.
  





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