La quête de la
réalité exige une immense énergie ; et si l’homme ne s’investit pas dans cette
quête, il dissipe son énergie dans des voies qui n’engendrent que le malheur, c’est
pourquoi la société le met sous surveillance. Est-il donc possible de libérer
cette énergie par et dans la recherche de Dieu ou de la vérité, et, tout en
poursuivant cette découverte de ce qui est vrai, d’être un citoyen qui comprend
les problèmes essentiels de la vie, sans que la société ne puisse le détruire. Dans cette
quête de la réalité, l’énergie crée sa propre discipline. Celui qui cherche
spontanément la vérité devient un citoyen authentique... la source
principale de déperdition d’énergie est le conflit. Tant que l’idée aura plus d’importance
que le fait, le conflit existera toujours.
(…) Existe-t-il une énergie qui ne
relève pas du champ étroit de la pensée, qui ne découle pas de cette énergie
irrépressible issue de nos propres contradictions, et qui ne résulte pas d’un accomplissement personnel qui n’est donc que la frustration ? L’apogée de cette énergie, sa plus haute forme, c’est
l’état dans lequel l’esprit est dénué de toute idée, de toute pensée, de toute
notion de directive ou de mobile – là est l’énergie pure. Et cette qualité d’énergie
ne peut faire l’objet d’aucune quête.
Krishnamurti : Le livre de la méditation et la vie
1er juin
L’énergie
(...) En fait, l’homme est énergie, et s’il n’est pas
à la recherche de la vérité, cette énergie devient destructrice ; c’est
pourquoi la société contrôle et façonne l’individu – étouffant par là même
cette énergie… Et vous avez peut-être remarqué un autre fait tout simple et
très intéressant, à savoir qu’il suffit que l’on ait vraiment envie de faire
quelque chose pour en avoir l’énergie…Cette énergie devient en elle-même un
agent de contrôle, vous n’avez donc plus besoin d’aucune discipline extérieure. Dans cette quête de la réalité, l’énergie crée sa propre discipline.
2 juin
Toute dualité suscite un conflit
Tout conflit, qu’il soit d’ordre physique,
psychologique, ou intellectuel, est une perte d’énergie. (…) Par notre
éducation, nous avons presque tous été rodé à la lutte, à l’effort. Faire des
efforts – voilà la première chose qu’on nous enseigne à l’école. Et cette lutte, ces efforts se poursuivent tout au
long de notre vie – pour être bon, nous dit-on, il faut lutter, il faut
combattre le mal, il faut résister, contrôler. Donc, sur le plan éducatif,
social et religieux, on apprend aux hommes à lutter. (…) Alors, dans la vie
sociale, c’est chacun pour soi et pour sa famille.
… C’est ainsi que, de toutes parts, nous gaspillons
notre énergie. Et c’est le conflit qui est le responsable essentiel de ce gâchis :
(…)
Une fois créée la dualité, le conflit est inévitable.
Il ne s’agit pas de nier la distinction entre homme et femme, entre vert et
rouge, entre lumière et ombre, entre grand et petit : ce sont des faits.
Mais dans tout effort visant à créer cette division entre le fait et l’idée, le
gaspillage d’énergie intervient.
3 juin
Tel schéma, telle idée
Si vous dites ; « Comment
vais-je faire pour économiser mon énergie ? » Vous avez dès lors créé un schéma à suivre
pour la pensée – (…) puis vous organisez votre vie en fonction de ce schéma :
c’est le point de départ d’une nouvelle contradiction. Alors que, si vous
repérez par vous-même où a lieu ce gaspillage de vos énergies, vous verrez que
la principale cause de gaspillage est le conflit – le fait, par exemple, d’avoir
un problème toujours irrésolu, de vivre avec le souvenir mortifère de quelque
chose qui n’est plus, de vivre dans la tradition. Il est essentiel que nous
comprenions la nature de cette dilapidation de l’énergie et que cette
compréhension, (…) se fasse par l’observation authentique des conflits de notre
vie quotidienne. Donc, la source principale de déperdition d’énergie est le
conflit. Tant que l’idée aura plus d’importance que le fait, le conflit
existera toujours.
4 juin
4 juin
La contradiction appelle le conflit
Vous constatez que nous sommes, pour
la plupart, en butte à des conflits, que la contradiction, non seulement interne,
mais externe, domine notre existence. La contradiction implique l’effort… Là il
y a effort, il y a gâchis – gaspillage d’énergie. (…) Lorsqu’on résiste à
quelque chose, cette résistance même est source d’énergie…Toute action est
fondée sur cette friction entre ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire. Et
ce type de résistance, cette forme de
conflit, engendre effectivement une énergie ; mais cette énergie, si vous
observez de très près, n’est pas créatrice, mais au contraire très destructrice…
La plupart des gens baignent dans la contradiction. Et s’ils possèdent un don, un talent, pour l’écriture,
ou la peinture, ou quoi que ce soit d’autre, la tension que crée en eux cette
contradiction leur donne l’énergie d’exprimer,
plus grand est le conflit, plus grandiose est le résultat, et c’est ce que nous
appelons la création. Mais cela n’a rien à voir avec la création, ce n’est que
le résultat d’un conflit. Faire face au fait que l’on
baigne dans le conflit, la contradiction, fera jaillir cette qualité d’énergie
qui n’est pas le fruit d’une résistance.
5 juin
L’énergie créatrice
(…) Existe-t-il une énergie qui ne relève pas du
champ étroit de la pensée, qui ne découle pas de cette énergie irrépressible issue
de nos propres contradictions, et qui ne résulte pas d’un accomplissement
personnel qui n’est donc que la frustration ?
(…) Si nous ne parvenons pas à cette qualité d’énergie
qui n’est pas un simple produit de la pensée – (…) toute action sera destructrice,
(…) En définitive, toute pensée incluse dans le temps est invention : tous
les gadgets, les avions à réaction, les réfrigérateurs, les fusées, l’exploration
de l’espace, de l’atome, tout cela est le fruit du savoir, de la pensée. Ces choses-
là ne sont pas de l’ordre de la création ; l’invention n’est pas la
création ; la compétence n’est pas la création ; la pensée ne peut
jamais être créatrice, car elle est toujours conditionnée et ne peut jamais
être libre. La seule énergie créatrice est celle qui n’est pas issue de la
pensée.
6 juin
La plus haute forme d’énergie
L’idée que l’on se fait de l’énergie,
c’est tout autre chose que l’énergie elle-même en tant que fait. (…) L’apogée
de cette énergie, sa plus haute forme, c’est l’état dans lequel l’esprit est
dénué de toute idée, de toute pensée, de toute notion de directive ou de mobile
– là est l’énergie pure. Et cette qualité d’énergie ne peut faire l’objet d’aucune
quête. (…) Pour découvrir par nos propres moyens la nature de cette énergie,
nous devons d’abord comprendre comment se dilapide l’énergie au quotidien –
celle qui nous faut pour parler, écouter un oiseau, (…) L’observation de toute
chose est énergie. Cette énergie nous la tirons de notre nourriture, des rayons
du soleil. (…) Mais cette même énergie, qui devient l’énergie de la psyché –
autrement dit la pensée - , cette énergie, dès qu’elle est en contradiction avec
elle-même, n’est plus que de l’énergie gâchée.
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