mardi 26 janvier 2016

L'autorité


Kirishnamurti
Pictures courtesy of Krishnamurti Foundation Trust Ltd

Pour être libre, il faut faire l’examen critique de l’autorité jusque dans ses structures, et mettre en pièces cette abomination. Pour cela, il faut de l’énergie – une énergie non seulement tangible, physique, mais aussi psychologique. Or cette énergie est gaspillée, détruite, lorsque nous sommes en conflit ...

C'est donc lorsque intervient la compréhension de tout ce processus du conflit intérieur, et qu'il cesse enfin, que l'énergie coule en abondance.

  Krishnamurti :  Le livre de la méditation et de la vie




15 Janvier 
Détruire c’est créer 
Car en fait, détruire, c’est créer. Il faut détruire, non les bâtiments, ni le système économique et social – comme cela se fait quotidiennement – mais notre environnement psychologique, avec ses défenses conscientes et inconscientes, (…). Il faut être sans défense pour éprouver de l’affection, pour aimer. Alors on voit et on comprend ce que sont l’ambition, l’autorité, et on commence à saisir dans quel cas et à quel niveau l’autorité est nécessaire – celle du policier suffit, et rien de plus.  Il n’y a plus alors d’autorité se fondant sur la connaissance, le savoir, (…). Celle des gouvernements, des maîtres et des autres…

16 janvier
La vertu est étrangère à toute autorité 
L’esprit peut-il s’affranchir de toute autorité, c’est-à-dire être libre de la peur, afin de ne plus être en mesure de s’y soumettre ?
(…) en définitive la vertu, l’éthique ne consistent pas dans la répétition du bien. Toute vertu cesse d’en être une dès qu’elle devient mécanique. La vertu, de même que l’humilité, ne peut survenir que d’instant en instant. (…) La morale sociale est au contraire parfaitement immorale, puisqu'elle admet la compétition, la voracité, la corruption : la société encourage donc l’immoralité. La vertu transcende la moralité. Sans vertu, il n’y a pas d’ordre ; et l’ordre n’obéit ni à une formule ni à un modèle préétablis. (…) La vertu est une chose qui vit, qui bouge, sans vertu il n’est pas de fondement solide pour une pensée claire et lucide.

17 janvier
Le vieil esprit est soumis à l’autorité 
Un esprit qui a été ainsi conditionné, façonné par une multitude de sectes, de religions, et par tant de superstitions et de peurs, est-il capable de s’arracher à lui-même et de donner naissance à un esprit neuf ?... Le vieil esprit, c’est essentiellement celui qui est soumis à l’autorité. J’entends par là l’autorité sous forme de tradition, de savoir, d’expérience ; l’autorité en tant que moyen de trouver la sécurité, (…).

18 Janvier
Libres dès le début
(…) Nous sommes rongés par le désir d’avoir des certitudes, d’avoir raison, d’atteindre le succès, de savoir ; et cette soif de certitude, de permanence, assoit peu à peu en nous même l’autorité de notre propre expérience, (…) Rompre avec une tradition et se conformer à une autre ; abandonner un maître et en suivre un autre ; tout cela n’est que gestes superficiels.
(…) Nous devons mettre en jeu une perception élargie, une lucidité pénétrante, nous devons alors être libre, pas aux derniers instants, mais dès le début.

19 janvier
Se libérer de l’ignorance et de la souffrance
(…) Nous n’avons pas cette vigilance passive qui permet de comprendre. (…) Ce que désirent la plupart entre nous, c’est la satisfaction à différents niveaux. L’essentiel n’est pas de savoir reconnaître celui qui a atteint la libération, mais de savoir se comprendre soi-même. (…) Sans la connaissance de soi, nul ne peut être libéré ni de l’ignorance ni de la souffrance.

20 Janvier
Pourquoi sommes-nous soumis ?
En général, l’autorité nous satisfait parce qu’elle nous procure un sentiment de continuité, de certitude, de protection. (…)

(…) La quête de l’autorité et ses conséquences – la désillusion – sont un processus douloureux pour la plupart entre nous.  Nous critiquons, nous blâmons ce que nous acceptions naguère, l’autorité, le chef, le maître, mais nous ne faisons pas l’examen critique de notre propre soif d’une autorité susceptible de diriger notre conduite. Dès que nous comprendrons cette soif, nous saisirons pleinement la signification du doute.

21 janvier
L’autorité corrompt le maître et le disciple
La connaissance de soi est ardue, et comme la plupart d'entre nous préférons la voie de la facilité, de l’illusion, nous créons l’autorité qui façonne notre vie et lui offre un modèle.
(…) Toute autorité, quelle qu’elle soit, empêche de voir, de penser lucidement ; et comme la plupart d’entre-nous trouvons la pensée lucide douloureuse, nous nous abandons à l’autorité.
L’autorité engendre le pouvoir, et le pouvoir devient toujours centralisé, et de ce fait totalement corrupteur : il corrompt non seulement celui qui exerce le pouvoir mais aussi celui qui s’y soumet. (…) L’autorité du maître et du prêtre vous détourne du problème fondamental, qui est le conflit à l’intérieur de vous-même.

22 Janvier
Puis-je me fier à ma propre expérience ?
(…) Mon expérience n’est que le résultat du conditionnement auquel j’ai été soumis, (…) Mon expérience va dépendre du milieu culturel, économique, social et religieux dans lequel j’ai vécu. (…).
 Puis-je donc me fier à tout cela ? Y trouver un guide, un espoir, une vision, qui me donnera foi en mon propre jugement, qui lui-même n’est que le résultat d’une accumulation dans lequel passé et présent se rejoignent ?

(…) Quand j’en ai fini de me poser toutes ces questions et que je prends conscience du problème,  je vois qu’il n’existe qu’un seul état dans lequel la réalité, le neuf, puisse se faire jour – et cela suscite en moi une révolution. Pour que cet état soit, l’esprit doit être totalement vidé de tout passé ; il n’y a plus alors ni analyseur, ni expérience, ni jugement, ni autorité d’aucune sorte.