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Nous devons
comprendre le désir ; mais il est très difficile de comprendre quelque
chose d’aussi essentiel, d’aussi exigeant, d’aussi urgent, car dans l’accomplissement
même du désir naît la passion, avec le plaisir et la douleur qui y sont associés.
Le désir doit
être compris, et non anéanti. Si vous anéantissez le désir, vous risquez d’anéantir
la vie elle-même.
Il n’y a pas d’entité
distincte du désir : il n’y a que le désir, il n’y a pas de sujet qui désire.
Le désir se
manifeste – c’est une réaction saine, normale ; sans cela, je serais mort.
Mais la recherche constante de sa satisfaction est cause de douleur.
Avez-vous déjà
essayé de mourir à un plaisir, délibérément et pas sous la contrainte ?
Krishnamurti : le livre de la méditation et de la vie.
1er avril
Il n’y a que le désir
Le
désir prend des masques différents à différentes époques, selon ses intérêts. Le
souvenir de ces intérêts changeants affronte l’inédit, ce qui provoque le
conflit, et c’est ainsi que naît celui qui choisit, qui se fonde en entité
séparée et distincte du désir. Mais l'entité n’est pas différente de ses
qualités. L’entité qui essaye de combler ou de fuir le vide, l’incomplétude, la
solitude, n’est pas différente de ce à quoi elle cherche à échapper : elle
est ce vide, cette incomplétude, cette solitude. Elle ne peut pas se
fuir elle-même ; tout ce qu’elle peut faire, c’est se comprendre
elle-même. Lorsque cette entité fera l’expérience directe du fait qu’elle et sa
solitude ne font qu’un, alors seulement pourra disparaître la peur. (…) Le mot « solitude »,
lourd de ses souvenirs de souffrance et de peur, empêche qu’on ait de la
solitude une expérience fraîche et neuve. Le mot est souvenir, et lorsque le
mot n’a plus d’importance, la relation entre le sujet et l’objet de l’expérience
est radicalement différente ; alors cette relation est directe et ne passe
plus par le mot, par le souvenir ; alors celui qui fait l’expérience est l’expérience,
qui seule libère de la peur.
2 avril
Comprendre le désir
(…) On ne peut pas juger le désir
comme étant bon ou mauvais, noble ou ignoble, ni dire : « Je vais
garder ce désir et rejeter celui-là. » Il faut écarter tout cela pour
pouvoir découvrir la vérité du désir.
3 avril
Le désir doit être compris
(…) Nous connaissons la douleur, les
remous, l’angoisse du désir, et les tentatives pour le maîtriser, le contrôler.
Et dans cet éternel combat qui nous oppose à lui, nous le déformons, le
distordons, jusqu’à le rendre informe et méconnaissable, mais il est là, (…)
car le désir, doit être compris, (…) Si vous pervertissez le désir, si vous le
modelez, le contrôlez, le dominez, le refoulez, peut-être êtes-vous en train de
détruire quelque chose d’extraordinairement beau.
4 avril
La qualité du désir
(…) Etre pleinement conscient lorsqu’on
pénètre dans une pièce, voir tout le mobilier, remarquer le tapis ou en noter l’absence,
et ainsi de suite – ne rien faire d’autre que voir les choses, en avoir
conscience sans aucune notion de jugement – c’est très difficile. (…) Et si l’on
agit de même face au désir, si on vit avec lui sans le nier et sans dire :
« Que vais-je faire de ce désir ? Il est si laid, si sournois, si
violent » - sans lui donner de nom ni lui associer un symbole, sans le
camoufler sous un mot -, alors le désir est-il encore cause d’agitation ?
(…) Est-il donc possible d’avoir
conscience de la totalité du désir ? (…) L’essence même du désir global.
5 avril
Pourquoi le plaisir nous serait-il refusé ?
Vous voyez un magnifique coucher de
soleil, un bel arbre, le mouvement et les larges courbes d’un fleuve, un beau
visage et vous prenez grand plaisir à le regarder. Quel mal y a-t-il à cela ?
Il me semble que la confusion et la souffrance commencent lorsque ce visage, ce
fleuve, ce nuage, cette montagne deviennent un souvenir, et ce souvenir réclame
une prolongation du plaisir ; nous voulons que ces choses-là se répètent. (…)
et je crois que c’est là que le plaisir commence à obscurcir l’esprit et qu’il
crée des valeurs qui sont fausses, hors de toute réalité. (…) Parce que si la
vie se résume au plaisir, et si c’est cela que nous voulons, le plaisir s’accompagne
aussi de souffrance, de confusion, d’illusions et des fausses valeurs que nous
créons – et il n’y a donc pas la moindre clarté.
6 avril
Une réaction saine et normale
Le désir se manifeste – c’est une
réaction saine et normale ; sans cela je serais mort. (.. .) Mais qu’est-ce
qui permet au plaisir de se prolonger ?
Évidement c’est le fait d’y penser,
c’est la pensée…
J’y pense. Il ne s’agit plus d’une
relation directe avec l’objet, mais à présent la pensée amplifie ce désir, en y
songeant, en évoquant des images, des idées…
Mais je peux regarder l’objet du
désir, éprouver le désir, et m’en tenir là, sans aucune interférence de la
pensée.
7 avril
Mourir à toutes ces petites choses
Avez-vous déjà essayé de mourir à un
plaisir, délibérément et pas sous la contrainte ? (…) Avez-vous déjà
essayé de mourir volontairement, sans effort, avez-vous éprouvé ce sentiment de
d’abandon du plaisir ? (…) la vie, c’est l’existence vécue, l’abondance,
la plénitude, l’abandon – pas la perception de la signification du « je ».
(…) Si vous faites l’expérience de la
mort aux petites choses de la vie – c’est déjà bien. Essayez simplement de
mourir aux petits plaisir – avec facilité, avec aisance, avec le sourire -,
cela suffit déjà, car vous verrez alors que votre esprit est capable de mourir
à des quantités de choses, de mourir à tous les souvenirs.
(…) L’esprit qui est jeune meurt à
toute chose. Etes-vous capables de voir cette vérité, de la percevoir,
instantanément ? Peut-être ne saisirez-vous pas entièrement la portée
extraordinaire de tout cela, son immense subtilité, la beauté de cette mort, sa
richesse, mais par le simple fait d’écouter, ces paroles seront comme une
semence qui va prendre racine, et ce , non seulement au niveau superficiel de
la conscience claire, mais jusque dans les couches profondes de l’inconscient.
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