mardi 10 mai 2016

L'intelligence

Pictures courtesy of Krishnamurti Foundation Trust Ltd
La vérité, ne veut pas d’un esprit dévasté, petit, creux, étroit, limité. Il lui faut un esprit sain, qui puisse l’apprécier ; il lui faut un esprit riche, non de savoir, mais d’innocence – un esprit vierge de toute trace d’expérience, un esprit libéré du temps.

 II veut un être humain total et complet, au cœur plein, riche, claire, capable de ressentir intensément, capable de voir la beauté d’un arbre, le sourire d’un enfant, et la détresse de la femme qui a toujours connu la faim. L’intelligence vient avec la sensibilité et l’observation. Tous les sentiments, toutes les émotions, sont liées à la pensée et c’est pourquoi ils aboutissent au plaisir et à la douleur.
L’amour est dénué de toute douleur ou souffrance, parce qu’il n’est le fruit ni du plaisir ni du désir.
La vérité n’apparaîtra que lorsque vous serez intensément conscients de ce qui se passe à l’instant même où se déclenchent votre pensée, votre émotions ; vous verrez alors la subtilité extraordinaires, la finesse, la délicatesse. L’intelligence, en réalité, apparaît lorsqu’on agit en parfait état d’harmonie, tant au niveau intellectuel qu’émotionnel.
  L’amour est-il le contraire de la haine ? Et l’amour est-il une émotion, une sensation, un sentiment qui s’est perpétué grâce au souvenir ? L’amour n’est certainement pas le souvenir. Ce que nous aimons ou croyons aimer, c’est l’image, le symbole derrière l’expression…
Pour savoir réellement ce qu’est l’amour, nous devons mourir au passé, à toutes nos émotions, – mourir sans effort
Krishnamurti : le livre de la méditation et de la vie.

1er mai
Un esprit riche d’innocence
(…) Vous devez être sensible, ressentir les choses intensément, mais sans suivre de direction particulière ; il ne s’agit pas d’une émotion fluctuante, mais d’une sensibilité impliquant tout l’être – nerfs, corps, oreilles, voix. Vous devez être sensible de manière absolue et permanente. Sans cette sensibilité extrême, absolue, il n’est point d’intelligence.  

2 mai
Quel rôle jouent les émotions dans notre vie ?
Comment naissent les émotions ? Elles naissent à partir de stimuli, à partir de nos nerfs. (…) les émotions naissent à travers nos sens. Et le mode d’émotions selon lequel nous fonctionnons, dans la plupart des cas, est évidement le plaisir. (…) Quel rôle joue l’émotion dans notre vie ? L’émotion est-elle la vie ? Est-ce que vous comprenez ? L’amour est-ce le plaisir ? Est-ce le désir ? Si l’amour est émotion, c’est donc qu’il comporte un élément perpétuellement fluctuant… Il faut donc se rendre compte que les émotions, les sentiments, l’enthousiasme, l’impression qu’on a d’être bon, et ainsi de suite, n’ont absolument rien à voir avec l’affection, la compassion réelles. Tous les sentiments, toutes les émotions, sont liées à la pensée et c’est pourquoi ils aboutissent au plaisir et à la douleur. L’amour est dénué de toute douleur ou souffrance, parce qu’il n’est le fruit ni du plaisir ni du désir.

3 mai
Libérer l’intelligence
La première chose à faire, si je puis me permettre de le suggérer, est de découvrir pourquoi vous avez certains critères de pensée, et pourquoi vous avez une certaine manière de ressentir les choses. (…) Prenez conscience des tendances spécifiques que suit votre pensée, ainsi que des motivations de vos actes. (…) Tant que persisteront  en vous un  « je dois » et un « je ne dois pas » ces contraintes vous empêcheront de découvrir les méandres fugaces de la pensée et de l’émotion. (…) Alors, telle une fleur qui s’épanouit par un beau matin, l’intelligence éclôt : elle est là, active, créatrice – et la compréhension naît.

4 mai
Intellect contre intelligence
(…) Il y a une énorme différence entre l’intellect et l’intelligence. L’intellect n’est que la pensée fonctionnant indépendamment de l’émotion. Lorsque l’intellect est entraîné à suivre n’importe quelle tendance donnée, sans que l’émotion soit prise en compte, on a beau être doté d’un intellect exceptionnel, l’intelligence fait défaut ; car elle porte en elle-même l’aptitude à ressentir autant qu’à raisonner ; dans l’intelligence, ces deux aptitudes sont également intensément et harmonieusement présentes. … Si on laisse l’émotion s’immiscer dans les affaires, elles ne pourront plus, à vous en croire, ni être bien gérées ni être honnêtes. Ainsi, vous compartimentez votre esprit : vous rangez dans une de ses cases vos préoccupations religieuses, dans une autre vos émotions, dans une troisième votre intérêt pour les affaires, qui est sans rapport avec votre vie intellectuelle et émotionnelle. (…) ainsi se poursuit cette vie chaotique, ainsi persiste la division dans votre existence. (…) Si vos émotions et vos pensées agissent en harmonie, vos affaires péricliteraient peut-être. C’est même probable. (…) Tant que vous abordez l’existence avec votre seul intellect, au lieu d’y impliquer à fond votre intelligence, nul système au monde ne délivrera l’homme de l’éternel labeur de la quête du pain quotidien.
    
5 mai
Sentiments et émotions engendrent la cruauté
L’émotion et le sentiment, on le voit bien, sont tout à fait hors de cause lorsqu’il s’agit d’amour. Le sentiment et l’émotion ne sont que des réactions d’attrait ou d’aversion. Vous me plaisez et je déborde d’enthousiasme à votre égard ; (…) cela sous-entend que ce qui est autre me déplaît. Ainsi, sentiments et émotions engendrent la cruauté. (…) On voit bien que là où le sentiment et l’émotion entrent en jeu, l’amour n’est pas. (…) L’envie et la jalousie ne sont pas l’amour (…) Je les efface de ma vie, réellement, simplement, comme la pluie efface la poussière accumulée au fil des jours sur une feuille.    

6 mai
Nous devons mourir à toutes nos émotions 
Qu’entendons-nous par « émotion » ? Est-ce une sensation,  une réaction, une réponse de nos sens ? La haine, la dévotion, le sentiment d’amour ou de compassion envers autrui sont des émotions. Nous qualifions certaines d’entre elles, comme l’amour et compassion, de positives, alors, que d’autres, comme la haine, ont une étiquette négative, et nous voulons nous en débarrasser. L’amour est-il le contraire de la haine ? Et l’amour est-il une émotion, une sensation, un sentiment qui s’est perpétué grâce au souvenir ?
Qu’entendons-nous donc par « amour » ? L’amour n’est certainement pas le souvenir.  C’est une chose très difficile à comprendre, car pour la majorité d’entre nous l’amour est le souvenir. (…) ce que nous aimons ou croyons aimer, c’est l’image, le symbole derrière l’expression « ma femme » ou « mon mari », et non  l’individu vivant. (…) Je ne pourrais connaître cette personne tant que la connaître voudra dire reconnaître. (…) Comment pourrais-je aimer alors qu’il y a la peur, la souffrance, la solitude, l’ombre du désespoir ?  (…)
Pour savoir réellement ce qu’est l’amour, nous devons mourir au passé, à toutes nos émotions, bonnes ou mauvaises – mourir sans effort, comme on s’écarterait sans effort d’un poison, d’une drogue parce qu’on en comprend la toxicité.  

7 mai
Nous devons avoir de grands sentiments
(…) Ce mot sentiment ne signifie pas pour moi la sensiblerie, l’émotion, ni un simple état d’excitation, mais cette qualité de perception, de finesse et d’écoute, cette sensibilité à l’oiseau qui chante dans un arbre, au mouvement d’une feuille sous le soleil. Sentir les choses en profondeur, d’une manière ample et pénétrante, est, pour la plupart d’entre nous, chose très difficile, car nous avons tant de problèmes. Tout ce que nous touchons se métamorphose en problème, dirait-on. (…) plus le problème est manifeste, moins les sentiments sont adéquats.
(…) Il faut avoir de grands sentiments. Le sentiment de beauté, la sensibilité au mot, au silence entre deux mots, et la perception nette d’un bruit, d’un son – tout cela suscite des sentiments. Et il nous faut avoir des sentiments forts, car seuls les sentiments rendent l’esprit sensible à l’extrême.               

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