mardi 31 mai 2016

Le conditionnement

Pour libérer l’esprit de tout conditionnement, il faut en avoir une vision totale, mais en l’absence de toute pensée. La pensée ne peut jamais être libre : elle est le fruit de notre conditionnement, de notre vécu, de notre culture, de notre climat, de notre environnement social, économique et politique. Tout conditionnement est douloureux. Le désir d’être, ou de ne pas être, entraîne le conditionnement.... Le fait d’être libéré du conditionnement n’est qu’un produit accessoire, sans importance. L’important, c’est de comprendre ce qui crée le conditionnement.
Je crois que c’est une des choses les plus ardues que d’être conscient, parce que nous sommes happés par les problèmes immédiats et leurs solutions immédiates, ce qui rend notre existence très superficielle. 
Si vous observez soigneusement votre pensée, vous verrez que, bien que ses réactions soient très rapides, il y a des trous, des arrêts entre une pensée et l’autre. Entre deux pensées il y a une période de silence, laquelle n’est pas reliée au processus de la pensée. Si vous l’examinez, vous verrez que cette période de silence, que cet intervalle, n’appartient pas au temps... Si vous avez simplement conscience de l’ensemble des structures de l’habitude, sans résistance, vous découvrirez alors qu’il est possible de s’en libérer, et cette liberté débouche sur quelque chose de neuf.           
                Krishnamurti : Le livre de la méditation et la vie
22 mai
Toute pensée reste fragmentaire
Vous et moi sommes conscients d’être conditionnés. Si vous dites, comme le font certains, que le conditionnement est inévitable, alors le débat est clos : vous êtes un esclave, et c’est terminé. Mais si vous commencez à vous demander s’il serait peut-être possible de rompre ces servitudes, ce conditionnement, alors le débat est ouvert. (…) Pour commencer, voyez simplement le problème, ne cherchez pas de réponse, de solution. C’est un fait que nous sommes conditionnés, et que toute pensée visant à comprendre ce conditionnement ne sera toujours que fragmentaire, il n’y a donc jamais compréhension totale ; or la liberté n’existe que dans la compréhension totale de tout l’ensemble du processus de la pensée.

23 mai
Se libérer du moi
(…) Avez-vous déjà écouté, regardé, sans faire intervenir tout ce mécanisme de réaction ? Vous allez dire qu’il est impossible d’observer sans interposition de la pensée ; (…) voir, voir tout simplement, est une tâche si ardue que nous la disons impossible. Je dis que ce n’est que lorsque vous avez conscience – mais sans qu’il agisse d’une réaction – de cette totalité de votre être, que s’efface le conditionnement, totalement et jusqu’aux niveaux les plus profonds – et c’est cela, être véritablement libéré du moi.

24 mai
Problèmes observés, problèmes envolés ?
Il est évident que toute pensée est conditionnée. Il n’existe pas de pensée libre.
(…) Vos lectures mêmes, les pratiques qui vous sont propres, font partie de ce vécu. (…) Alors, est-il possible d’être conscient, simplement conscient de notre conditionnement, et rien de plus ? – dans ce cas là, il n’y a pas l’ombre d’un conflit. Cette conscience même, pour peu qu’on lui donne l’occasion de se manifester, est peut-être en mesure de réduire en cendres les problèmes.

25 mai
Aucun conditionnement n’est noble
(…) Ayant pris conscience du modèle ou du moule dans lequel vous avez été élevé, vous voulez vous en libérer ; ce désir de liberté ne conditionnera-t-il  pas l’esprit à son tour, mais d’une manière différente ? (…) Il y a d’un côté le désir qui débouche sur le conformisme, et de l’autre le désir de liberté. (…) Ces deux désirs ne sont-il pas fondamentalement semblables ? Et si tel est le cas, cette quête de la liberté est vaine, indéfiniment. Il n’existe aucun conditionnement qui soit noble ou meilleur qu’un autre. Tout conditionnement est douloureux. Le désir d’être, ou de ne pas être, entraîne le conditionnement, et c’est ce désir qu’il nous faut comprendre.

26 mai
S’affranchir du conditionnement
Le désir de se libérer du conditionnement a pour seul effet de le renforcer. Mais si, au lieu d’essayer d’étouffer ce désir, on en comprend tout le processus, cette compréhension même est ce qui permet de se libérer du conditionnement. (…) Si je me fixe délibérément pour but de me libérer de mon conditionnement, ce désir crée à son tour un autre conditionnement. Je peux détruire une forme de conditionnement, mais je deviens victime d’une autre. Alors, que si nous comprenons ce désir de libération, cette compréhension même suffit à détruire tout conditionnement. Le fait d’être libéré du conditionnement n’est qu’un produit accessoire, sans importance. L’important, c’est de comprendre ce qui crée le conditionnement.

27 mai
Etre simplement conscient
(…) Je pense donc que notre questionnement ne doit pas avoir pour but de résoudre nos problèmes immédiats, mais de découvrir si le contenu de l’esprit – le conscient, mais aussi le niveau inconscient de l’esprit, où sont emmagasinés tous les souvenirs, toutes les traditions, tout l’héritage de l’espèce -, si tout cela, donc, peut être éliminé. Je crois que cela, n’est possible que si l’esprit est capable d’être conscient, sans aucune notion d’exigence, de pression – capable d’être simplement conscient. 
 (…) Je crois que la compréhension, le moyen de pénétrer au cœur, au plus profond des choses, passe par la conscience - la simple perception de nos pensées et de nos sentiments, sans condamnation, sans comparaison -, la simple observation. Vous constaterez, si vous tentez l’expérience, l’extraordinaire difficulté de la chose, parce que nous sommes essentiellement formés, rodés à condamner, à approuver, à comparer. 

28 mai
Rien dans l’esprit n’échappe au conditionnement
Votre esprit est conditionné dans sa totalité : rien en vous n’échappe au conditionnement. (…) quel est l’état de l’esprit au moment où il sait qu’il est conditionné et qu’il réalise que tout effort visant à se déconditionner est toujours de l’ordre du conditionnement ? Lorsque vous dites : « Je sais que je suis conditionné », le savez-vous vraiment ? (…) Lorsque je prends conscience du fait que je suis conditionné, il y a action immédiate. Je n’ai aucun effort à faire pour me déconditionner. Le fait même que je suis conditionné et la réalisation de ce fait provoquent un éclaircissement immédiat. La difficulté réside dans l’absence de réalisation du fait, c’est-à-dire dans l’incapacité d’en comprendre toutes les implications, et dans l’impossibilité de voir que toute pensée – quelles qu’en soit la subtilité, l’habileté, la sophistication ou l’ampleur philosophique – est conditionnée.

29 mai
Le fardeau de l’inconscient
Au plus profond de nous, dans notre inconscient, l’énorme poids du passé nous pousse dans une certaine direction…
(…) Comment peut-on laver l’inconscient de tout son passé, instantanément ? (…) Je vois que le processus analytique – qui suppose du temps, une interprétation, le mouvement de la pensée sous forme d’un observateur analysant la chose observée – est incapable de libérer l’inconscient ; je rejette donc totalement le processus analytique. (…) Il n’y a plus un analyseur séparé de la chose qu’il analyse : il est cette chose même, et non une entité distincte. C’est alors que l’on s’aperçoit que l’inconscient n’a que très peu d’importance.

30 mai
L’intervalle entre les pensées
(…) Comment l’esprit peut-il être libre ? L’esprit, pour ce faire, doit non seulement voir et comprendre le mouvement pendulaire qu’il décrit entre passé et futur, mais également avoir conscience de l’intervalle qui sépare les pensées. (…) Il ne doit pas seulement voir et comprendre son va-et-vient de balancier entre le passé et le futur, mais aussi percevoir les intervalles entre deux pensées…
Si vous observez soigneusement votre pensée, vous verrez que, bien que ses réactions soient très rapides, il y a des trous, des arrêts entre une pensée et l’autre. Entre deux pensées il y a une période de silence, laquelle n’est pas reliée au processus de la pensée. Si vous l’examinez, vous verrez que cette période de silence, que cet intervalle, n’appartient pas au temps, et la découverte de cet intervalle, se pleine perception, vous libère du conditionnement, ou plutôt il ne « vous » libère pas mais il y a affranchissement du conditionnement.  

31 mai
Comment se forment les habitudes
(…) Il me semble que l’essence même de la liberté consiste à comprendre tout le mécanisme des habitudes, à la fois conscientes et inconscientes. La question n’est pas de mettre fin aux habitudes, mais d’en voir toutes les structures. Il faut que vous observiez comment se forment les habitudes et comment le rejet d’une habitude ou le fait de lui résister ne font qu’en créer une autre. L’esprit qui reste attentif seconde après seconde – attentif à ce qu'il dit, attentif au mouvement de ses mains, de ses pensées, de ses sentiments – découvrira que cette formation de nouvelles habitudes a cessé. Il est capital de comprendre cela, car tant que l’esprit s’efforce de rompre ses vieilles habitudes, en créant de nouvelles par ce processus même, il ne peut évidemment jamais être libre ; et seul un esprit libre peut voir au-delà de lui-même.









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