mercredi 8 juin 2016

L'énergie

La quête de la réalité exige une immense énergie ; et si l’homme ne s’investit pas dans cette quête, il dissipe son énergie dans des voies qui n’engendrent que le malheur, c’est pourquoi la société le met sous surveillance. Est-il donc possible de libérer cette énergie par et dans la recherche de Dieu ou de la vérité, et, tout en poursuivant cette découverte de ce qui est vrai, d’être un citoyen qui comprend les problèmes essentiels de la vie, sans que la société ne puisse le détruire. Dans cette quête de la réalité, l’énergie crée sa propre discipline. Celui qui cherche spontanément la vérité devient un citoyen authentique... la source principale de déperdition d’énergie est le conflit. Tant que l’idée aura plus d’importance que le fait, le conflit existera toujours.
(…) Existe-t-il une énergie qui ne relève pas du champ étroit de la pensée, qui ne découle pas de cette énergie irrépressible issue de nos propres contradictions, et qui ne résulte pas d’un accomplissement personnel qui n’est donc que la frustration ? L’apogée de cette énergie, sa plus haute forme, c’est l’état dans lequel l’esprit est dénué de toute idée, de toute pensée, de toute notion de directive ou de mobile – là est l’énergie pure. Et cette qualité d’énergie ne peut faire l’objet d’aucune quête.
 Krishnamurti : Le livre de la méditation et la vie
1er juin
L’énergie
(...) En fait, l’homme est énergie, et s’il n’est pas à la recherche de la vérité, cette énergie devient destructrice ; c’est pourquoi la société contrôle et façonne l’individu – étouffant par là même cette énergie… Et vous avez peut-être remarqué un autre fait tout simple et très intéressant, à savoir qu’il suffit que l’on ait vraiment envie de faire quelque chose pour en avoir l’énergie…Cette énergie devient en elle-même un agent de contrôle, vous n’avez donc plus besoin d’aucune discipline extérieure. Dans cette quête de la réalité, l’énergie crée sa propre discipline.

2 juin
Toute dualité suscite un conflit
Tout conflit, qu’il soit d’ordre physique, psychologique, ou intellectuel, est une perte d’énergie. (…) Par notre éducation, nous avons presque tous été rodé à la lutte, à l’effort. Faire des efforts – voilà la première chose qu’on nous enseigne à l’école. Et cette lutte, ces efforts se poursuivent tout au long de notre vie – pour être bon, nous dit-on, il faut lutter, il faut combattre le mal, il faut résister, contrôler. Donc, sur le plan éducatif, social et religieux, on apprend aux hommes à lutter. (…) Alors, dans la vie sociale, c’est chacun pour soi et pour sa famille.
… C’est ainsi que, de toutes parts, nous gaspillons notre énergie. Et c’est le conflit qui est le responsable essentiel de ce gâchis : (…)
Une fois créée la dualité, le conflit est inévitable. Il ne s’agit pas de nier la distinction entre homme et femme, entre vert et rouge, entre lumière et ombre, entre grand et petit : ce sont des faits. Mais dans tout effort visant à créer cette division entre le fait et l’idée, le gaspillage d’énergie intervient.

3 juin
Tel schéma, telle idée
Si vous dites ; « Comment vais-je faire pour économiser mon énergie ? »  Vous avez dès lors créé un schéma à suivre pour la pensée – (…) puis vous organisez votre vie en fonction de ce schéma : c’est le point de départ d’une nouvelle contradiction. Alors que, si vous repérez par vous-même où a lieu ce gaspillage de vos énergies, vous verrez que la principale cause de gaspillage est le conflit – le fait, par exemple, d’avoir un problème toujours irrésolu, de vivre avec le souvenir mortifère de quelque chose qui n’est plus, de vivre dans la tradition. Il est essentiel que nous comprenions la nature de cette dilapidation de l’énergie et que cette compréhension, (…) se fasse par l’observation authentique des conflits de notre vie quotidienne. Donc, la source principale de déperdition d’énergie est le conflit. Tant que l’idée aura plus d’importance que le fait, le conflit existera toujours.

4 juin
La contradiction appelle le conflit
Vous constatez que nous sommes, pour la plupart, en butte à des conflits, que la contradiction, non seulement interne, mais externe, domine notre existence. La contradiction implique l’effort… Là il y a effort, il y a gâchis – gaspillage d’énergie. (…) Lorsqu’on résiste à quelque chose, cette résistance même est source d’énergie…Toute action est fondée sur cette friction entre ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire. Et ce type de résistance,  cette forme de conflit, engendre effectivement une énergie ; mais cette énergie, si vous observez de très près, n’est pas créatrice, mais au contraire très destructrice… La plupart des gens baignent dans la contradiction. Et s’ils possèdent un don, un talent, pour l’écriture, ou la peinture, ou quoi que ce soit d’autre, la tension que crée en eux cette contradiction  leur donne l’énergie d’exprimer, plus grand est le conflit, plus grandiose est le résultat, et c’est ce que nous appelons la création. Mais cela n’a rien à voir avec la création, ce n’est que le résultat d’un conflit. Faire face au fait que l’on baigne dans le conflit, la contradiction, fera jaillir cette qualité d’énergie qui n’est pas le fruit d’une résistance.

5 juin
L’énergie créatrice
(…) Existe-t-il une énergie qui ne relève pas du champ étroit de la pensée, qui ne découle pas de cette énergie irrépressible issue de nos propres contradictions, et qui ne résulte pas d’un accomplissement personnel qui n’est donc que la frustration ?
 (…) Si nous ne parvenons pas à cette qualité d’énergie qui n’est pas un simple produit de la pensée – (…) toute action sera destructrice, (…) En définitive, toute pensée incluse dans le temps est invention : tous les gadgets, les avions à réaction, les réfrigérateurs, les fusées, l’exploration de l’espace, de l’atome, tout cela est le fruit du savoir, de la pensée. Ces choses- là ne sont pas de l’ordre de la création ; l’invention n’est pas la création ; la compétence n’est pas la création ; la pensée ne peut jamais être créatrice, car elle est toujours conditionnée et ne peut jamais être libre. La seule énergie créatrice est celle qui n’est pas issue de la pensée.

6 juin
La plus haute forme d’énergie
L’idée que l’on se fait de l’énergie, c’est tout autre chose que l’énergie elle-même en tant que fait. (…) L’apogée de cette énergie, sa plus haute forme, c’est l’état dans lequel l’esprit est dénué de toute idée, de toute pensée, de toute notion de directive ou de mobile – là est l’énergie pure. Et cette qualité d’énergie ne peut faire l’objet d’aucune quête. (…) Pour découvrir par nos propres moyens la nature de cette énergie, nous devons d’abord comprendre comment se dilapide l’énergie au quotidien – celle qui nous faut pour parler, écouter un oiseau, (…) L’observation de toute chose est énergie. Cette énergie nous la tirons de notre nourriture, des rayons du soleil. (…) Mais cette même énergie, qui devient l’énergie de la psyché – autrement dit la pensée - , cette énergie, dès qu’elle est en contradiction avec elle-même, n’est plus que de l’énergie gâchée.









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