samedi 24 septembre 2016

Le savoir

La compréhension fondamentale de soi-même n’est pas le fruit d’une accumulation de connaissances ou d’expériences.Celles-ci s’appuient sur la mémoire, tandis que
la  connaissance de soi est d’instant en instant.
Tout d’abord, il vous faudrait comprendre le processus de votre pensée. Et c’est la seule façon de découvrir quelque chose de neuf, ne croyez-vous pas ?
Nous pensons à tout autre chose : à ce sens de félicité créative qu’aucune somme de savoir ou de connaissances ne donnera jamais. Etre en félicité créative, dans le vrai sens de ce mot, c’est être libéré du passé, d’instant en instant ; car, c’est le passé qui constamment projette son ombre sur le présent.
Le savoir est nécessaire, la science a son utilité ; mais si le cœur et l’esprit sont étouffés par les connaissances, et si la cause de la souffrance est oblitérée par des explications, la vie devient vaine et n’a plus de sens…
L’intelligence est bien supérieure à l’intellect, car elle est l’intégration de l’amour et de la raison. Mais il n’y a d’intelligence qu’en la connaissance de soi, en la profonde compréhension du processus total de soi-même.
La fonction de l’intellect est donc toujours, d’explorer, d’analyser, de chercher à savoir ; mais parce que nous avons soif de sécurité intérieure, psychologique, parce que nous sommes effrayés, angoissés par la vie, nous en arrivons à une conclusion donnée, et nous engageons à son service.
Nous avons d’un côté l’intellect, avec sa capacité de raisonnement, fondée sur ses préférences et ses aversions, sur son conditionnement, sur son expérience et son savoir, et de l’autre côté nous avons la sensitivité, qui est corrompue par la société, par la peur. Vont-ils à eux deux nous révéler la vérité ? Ou n’y a-t-il que la perception, et rien d’autre ?
L’esprit qui apprend ne dit jamais « je sais », parce que le savoir est toujours fragmentaire, alors qu’apprendre est toujours quelque chose d'intégral. Apprendre ne signifie pas partir d’une certaine somme de connaissances pour en ajouter de nouvelles. Cela n’est qu’un simple processus mécanique ; or apprendre est quelque chose de tout différent. (…) J’apprends à propos de moi-même d’instant en instant, et ce moi-même est vital, essentiel ; il vit, il bouge, il n’a ni commencement ni fin.
Grâce à l’expérience, en lisant, en écoutant, l’esprit accumule des connaissances, c’est un processus de thésaurisation, par lequel nous ajoutons à ce qui est déjà connu, et c’est sur la base de cet arrière-plan que nous fonctionnons.
Krishnamurti : Le livre de la méditation et la vie
                                                                         
15 septembre
Une compréhension d’instant en instant
(…) Si nous ne faisons qu’accumuler des données sur le moi, ces informations mêmes nous empêchent de nous comprendre plus profondément, car cet entassement de savoir et d’expériences devient un foyer où la pensée se concentre et a son être.

16 septembre
Comprenez le processus de votre pensée
Supposez que vous n’ayez jamais lu aucun livre de religion ou psychologie, et que vous deviez trouver le sens, la signification de la vie. (…) Tout d’abord, il vous faudrait comprendre votre processus de pensée, n’est-ce pas, et ne pas vous projeter, vous et vos pensées, dans le futur et créer un Dieu qui vous fasse plaisir : ce serait trop enfantin.
(…) Lorsque nous disons que le savoir et les connaissances sont un obstacle, une gêne, nous ne parlons pas des connaissances technologiques – ni de l’efficience qu’elles confèrent. Nous pensons à tout autre chose : à ce sens de félicité créative qu’aucune somme de savoir ou de connaissances ne donnera jamais. Etre créatif, dans le vrai sens de ce mot, c’est être libéré du passé, d’instant en instant ; car, c’est le passé qui constamment projette son ombre sur le présent. Nous accrocher à des informations, aux expériences d’autrui, à ce qu’un tel a dit – quelque grand qu’il soit – et essayer de conformer nos actes à ces pensées, tout cela est du monde des connaissances ; car il est très facile, au moyen de connaissances et de croyances, d’avoir des expériences ; mais celles-ci n’étant que le produit de projections personnelles sont irréelles, fausses.

17 septembre
Le savoir n’est pas la sagesse
Notre soif de savoir, notre désir d’acquérir sans cesse quelque chose nous fait perdre l’amour, et ainsi s’émoussent et le sentiment que nous avons de la beauté, et notre sensibilité à la cruauté.
(…) aucune somme d’explications ni aucune accumulation de faits ne libéreront l’homme de la souffrance. (…) L’information, la connaissance des faits, bien qu’elle augmente en permanence, est, par sa nature même, limité. La sagesse est infinie, elle inclut la connaissance et le processus de l’action ; mais nous saisissons une branche et croyons que c’est l’arbre entier. (…) Nous avons séparé l’intellect de la sensibilité, et avons développé celui-ci à son détriment. (…) L’intelligence est bien supérieure à l’intellect, car elle est l’intégration de l’amour et de la raison. Mais il n’y a d’intelligence qu’en la connaissance de soi, en la profonde compréhension du processus total de soi-même.
 

18 septembre
La fonction de l’intellect
Je ne sais si vous avez déjà réfléchi à la nature de l’intellect. L’intellect et ses activités ne posent aucun problème à un certain niveau, n’est-ce pas ? Mais quand l’intellect porte atteinte à cette pure sensibilité de perception, alors la médiocrité s’installe. Pour connaître la fonction de l’intellect, et avoir conscience de cette pure perception, sans les laisser se mêler l’une à l’autre et se détruire mutuellement, il faut avoir une grande clarté, une grande acuité de conscience.
La fonction de l’intellect est donc toujours, n’est-ce pas, d’explorer, d’analyser, de chercher à savoir ; mais parce que nous avons soif de sécurité intérieure, psychologique, parce que nous sommes effrayés, angoissés par la vie, nous en arrivons à une conclusion donnée, et nous engageons à son service. Un engagement nous amène à un autre, et je dis que cet esprit-là, cet intellect-là, qui s’est fait l’esclave d’une conclusion, a cessé de penser, de s’interroger.

19 septembre
Soyez différent
(…) Tout autour de nous, privilégie la raison. Non que je sois opposé à la raison. Au contraire, nous devons être capables de raisonner très clairement, très finement, mais vous constatez à bien y regarder, que l’intellect ne cesse d’analyser afin de savoir pourquoi  nous avons besoin ou non d’appartenir, pourquoi il faut être différent, si l’on veut découvrir la réalité, et ainsi de suite. (…) et il y a la sensitivité, la perception pure, qui est sans cesse interrompue, dénaturée par l’intellect. Et quand l’intellect interfère avec la perception pure, cette interférence produit un esprit médiocre 

20 septembre
Un esprit qui apprend
Qu’entendons-nous par « apprendre » ? (…) Si vous faites des études techniques, vous étudiez les mathématiques, et ainsi de suite, vous accumulez des connaissances afin de les utiliser à des fins pratiques. Vous apprenez alors par accumulation, par addition. Mais lorsque l’esprit ne fait qu’absorber, additionner, acquérir, est-ce apprendre ?
(…) Ce processus accumulatif que nous désignions actuellement par le terme d’apprendre. Ce n’est rien d’autre que cultiver la mémoire, qui devient mécanique ; et l’esprit qui fonctionne mécaniquement comme une machine, est incapable d’apprendre.
L’esprit qui apprend ne dit jamais « je sais », parce que le savoir est toujours fragmentaire, alors qu’apprendre est toujours quelque chose d'intégral. Apprendre ne signifie pas partir d’une certaine somme de connaissances pour en ajouter de nouvelles. Cela n’est qu’un simple processus mécanique ; or, apprendre est quelque chose de tout différent. (…) J’apprends à propos de moi-même d’instant en instant, et ce moi-même est vital, essentiel ; il vit, il bouge, il n’a ni commencement ni fin. Dès que je dis : « je me connais », c’en est fini d’apprendre, tout s’achève dans le savoir accumulé. Apprendre, ce n’est jamais accumuler ; c’est un mouvement du connaître qui n’a ni commencement ni fin.

21 septembre
Le savoir s’arroge l’autorité
(…) Le mouvement d’apprendre suppose un état dans lequel l’esprit n’a aucune expérience préalable, emmagasinée sous forme de savoir. Le savoir est une acquisition ; apprendre, au contraire, est un mouvement constant qui n’est pas un processus d’acquisition ou d'addition : il suppose donc un état dans lequel l’esprit n’est investi d’aucune autorité. Le savoir s’arroge toujours l’autorité, et l’esprit qui se retranche derrière l’autorité du savoir est absolument incapable d’apprendre. L’esprit ne peut apprendre que lorsque le processus d’accumulation a définitivement cessé. (…) En fait, par ce terme d’ « apprendre », nous désignons le plus souvent ce processus même d’acquisition d’informations  nouvelles, qui viennent s’ajouter au stock de connaissances que nous possédons déjà …mais je parle ici de quelque chose de tout à fait différent. Le terme « apprendre » ne signifie pas pour moi que l’on ajoute à ce que l’on sait déjà. On ne peut apprendre que lorsqu’il n’y a pas la moindre trace d’attachement au passé sous forme de savoir, c’est-à-dire lorsqu’on ne traduit pas en termes de connu tout ce qu’on voit de neuf.






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