samedi 29 octobre 2016

Le cerveau

Pourquoi l'esprit vieillit-il ? Il devient vieux en ce sens qu'il se délabre, se détériore, se répète, s'enfonce dans les habitudes, qu'elles soient sexuelles , religieuses, liées à la profession, ou à l'ambition.
L'esprit est tellement encombré par des myriades d'expériences et de souvenirs, tellement meurtri et éprouvé par la souffrance qu'il ne peut plus rien voir d'un regard frais ; il ne sait que traduire ce qu'il voit en termes de souvenirs personnels, de conclusions, de formules, de notions d'emprunt ; il se plie à l'autorité : il est devenu vieux.
Comment peut naître l'esprit religieux, ou l'esprit jeune ? Allez-vous recourir à une méthode - une méthode étant un système, une pratique, une routine qui se répète jour après jour ?
L'esprit doit rejeter tous les processus mécaniques de pensée.L'esprit qui fonctionne mécaniquement est un esprit traditionnel ; il ne peut pas être au contact de la vie, qui est non mécanique ; toute méthode est donc à proscrire.
Je crois que les efforts constants que l'on déploie pour être, pour devenir quelque chose, sont la cause réelle de la détérioration et du vieillissement de l'esprit.
Ce n'est que lorsque notre vieux cerveau, c'est à dire notre cerveau conditionné, notre cerveau archaïque, animal, notre cerveau tel qu'il s'est peaufiné au fil du temps depuis des siècles, et qui est perpétuellement en quête de sécurité, de réconfort - ce n'est que lorsque ce vieux cerveau fera silence que vous constaterez la présence d'un tout autre mouvement, et c'est par ce mouvement que viendra la clarté. A force de regards et d’écoute attentive, les réactions du vieux cerveau se calment, se taisent. Le cerveau n’est pas pour autant endormi ; il est très actif, mais silencieux. Il est arrivé à cette tranquillité par l’observation, par l’investigation. Et pour mener l’enquête, pour observer, vous avez besoin de lumière : cette lumière, c’est votre vigilance de tous les instants…
Lorsqu’il y a un intervalle entre ce qui nous est dit et notre réaction à ces propos. Alors dans cet intervalle il y a une tranquillité, un silence, et ce n’est que là que survient une compréhension qui n’est pas de nature intellectuelle. S’il y a un espace entre ce qui est dit et votre propre réaction à ce qui est dit, dans cet intervalle – peu importe que vous le fassiez durer indéfiniment, longtemps, ou juste quelques seconde – si vous observez bien dans cet intervalle jaillit la clarté totale et lucide. C’est cet intervalle qui constitue le cerveau neuf. 
Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie
15 octobre
Ces influences qui nous submergent 
L'esprit est tellement encombré par des myriades d'expériences et de souvenirs, tellement meurtri et éprouvé par la souffrance qu'il ne peut plus rien voir d'un regard frais ; il ne sait que traduire ce qu'il voit en termes de souvenirs personnels, de conclusions, de formules, de notions d'emprunt ; il se plie à l'autorité : il est devenu vieux. 

16 octobre 
Cerveau ancestral, cerveau animal
Je crois qu'il est capital de comprendre comment opère, comment fonctionne, comment agit notre "vieux" cerveau, notre cerveau ancestral. Quand le cerveau neuf entre en action, notre vieux cerveau est dans l'incapacité totale de le comprendre. Ce n'est que lorsque notre vieux cerveau, c'est à dire notre cerveau conditionné, notre cerveau archaïque, animal, notre cerveau tel qu'il s'est peaufiné au fil du temps depuis des siècles, qui est perpétuellement en quête de sécurité, de réconfort - ce n'est que lorsque ce vieux cerveau fera silence que vous constaterez la présence d'un tout autre mouvement, et c'est par ce mouvement que viendra la clarté. Car ce mouvement est la clarté même. Pour le comprendre, il faut d'abord comprendre notre cerveau ancestral, en être pleinement conscients, en connaître tous les mouvements, les activités, les exigences, les objectifs ; c'est pourquoi la méditation a une telle importance. (...) Par méditation, j'entends le fait de comprendre le fonctionnement de ce cerveau ancestral, de l'observer, d'en connaître les réactions, les réflexes, les tendances, les besoins, les visées agressives - la compréhension de tout cet ensemble, sous ses aspects conscients et inconscients. Lorsque vous connaissez ce cerveau, que vous en avez une perception lucide, mais qui ne tend ni à contrôler, ni à diriger, ni à dire (...) - lorsque vous voyez tout de lui, alors il se tait. 

17 octobre 
Un esprit frais
Je crois que les efforts constants que l'on déploie pour être, pour devenir quelque chose, sont la cause réelle de la détérioration et du vieillissement de l'esprit. (...) J'entends par jeune non pas l'esprit qui ne cherche qu'à s'amuser, à prendre du bon temps, mais celui qui n'est pas contaminé, qui n'est pas égratigné, gauchi, faussé par les incidents et les accidents de la vie, celui qui n'est pas usé par les conflits, les chagrins, les efforts perpétuels. Il est évidemment indispensable d'avoir un esprit jeune, car notre vieil esprit est tellement couturé de cicatrices laissées par les souvenirs qu'il est incapable de vivre, de manifester aucune ardeur ; c'est un esprit mort, un esprit figé dans ses décisions. L'esprit qui a déjà décidé de tout et vit en fonction de ses décisions est un esprit mort ; mais l'esprit jeune décide toujours de manière inédite, l'esprit frais ne s'encombre pas en lui des ténèbres de la souffrance, même s'il traverse une vallée de larmes, reste vierge de toute égratignure... 
Je ne pense pas qu'un tel esprit jeune puisse s'acquérir, puisse s'acheter par l'effort ou le sacrifice. La pièce pour en payer le prix n'existe pas, d'ailleurs ce n'est pas un objet marchand, mais si vous en voyez l'importance, la nécessité, si vous en voyez la vérité, alors quelque chose d'autre se produit.

18 octobre 
Il faut rejeter toutes les méthodes 
Comment peut naître l'esprit religieux, ou l'esprit jeune ? Allez-vous recourir à une méthode - une méthode étant un système, une pratique, une routine qui se répète jour après jour ? (...) ce qui revient à acquérir une habitude mécanique et à vouloir obtenir, grâce à cette habitude toute mécanique, un esprit qui ne le soit pas...
Lorsque vous parlez de "discipline ", il faut voir que toute discipline est fondée sur une méthode qui se conforme à un certain modèle, lequel vous promet un résultat déterminé d'avance par un esprit qui a déjà une croyance, qui a déjà pris position. Dans ces conditions-là, une méthode, au sens le plus large ou le plus étroit du terme, est-elle capable de faire apparaître cet esprit nouveau ?  Si tel n'est pas le cas, alors la méthode en tant que pratique habituelle doit être définitivement écartée, car elle est fausse... La méthode ne fait que conditionner l'esprit en fonction du résultat escompté. Vous devez rejeter tous les processus mécaniques de l'esprit... L'esprit doit rejeter tous les processus mécaniques de pensée. 
L'esprit qui fonctionne mécaniquement est un esprit traditionnel ; il ne peut pas être au contact de la vie, qui est non mécanique ; toute méthode est donc à proscrire. 

19 octobre 
Un esprit sans ancrage ni havre sûrs
Il vous faut un esprit neuf, un esprit libéré du temps, un esprit qui ne pense plus en termes de distance ou d’espace, un esprit sans aucun horizon pour limites, un esprit sans ancrage ni havre sûrs. Il vous faut un esprit tel que celui-là pour affronter non seulement l’éternel, mais aussi les problèmes immédiats de l’existence. 
Le problème est donc le suivant : cet esprit neuf peut-il être accessible à chacun de nous ? Pas par un effet graduel, pas par un entraînement, car toute forme d’entraînement, de développement, de processus implique le temps. L’effet doit être immédiat : la transformation doit avoir lieu maintenant, au sens où elle est par essence hors du temps. La vie, c’est la mort, et la mort vous guette ; il est impossible d’argumenter avec la mort comme vous argumentez avec la vie. Est-il donc possible d’accéder à cet esprit – sans souci d’une réussite à accomplir, d’un but à atteindre, d’une cible à toucher, sans chercher à arriver quelque part, parce que tout cela implique le temps et l’espace ?

20 octobre
Actif mais silencieux
Pour découvrir l’esprit nouveau, il est indispensable non seulement que nous comprenions la réaction de notre vieux cerveau, mais aussi que celui-ci se taise. Le vieux cerveau doit être actif mais silencieux. (…) Ce vieux cerveau doit se taire. Parce que, sinon, il ne fera que projeter ses propres images, ses propres concepts, ses propres valeurs. Mais ces valeurs, ces concepts, ces croyances résultent de tout ce qui vous a été dit, ou de vos réactions à ce qu’on vous a dit : « C’est ma propre expérience ! »
Vous devez donc remettre en question la validité même de votre propre expérience (…) A force de regards et d’écoute attentive, les réactions du vieux cerveau se calment, se taisent. Le cerveau n’est pas pour autant endormi ; il est très actif, mais silencieux. Il est arrivé à cette tranquillité par l’observation, par l’investigation. Et pour mener l’enquête, pour observer, vous avez besoin de lumière : cette lumière, c’est votre vigilance de tous les instants.

21 octobre
Une tranquillité s’installe
(…) Vous écoutez quelque chose, et votre esprit réagit instantanément, en gardant l’écho de ses connaissances, de ses conclusions préalables, votre savoir, certains souvenirs, ou bien vous voulez une réponse, et vous êtes impatient.  Vous voulez des explications sur tout, vous voulez tout savoir sur la vie, de son extraordinaire complexité. En fait, vous n’écoutez pas du tout. On ne peut écouter que lorsque l’esprit est tranquille, silencieux, lorsqu’il ne réagit pas de manière immédiate, lorsqu’il y a un intervalle entre ce qui nous est dit et notre réaction à ces propos. Alors dans cet intervalle il y a une tranquillité, un silence, et ce n’est que là que survient une compréhension qui n’est pas de nature intellectuelle. S’il y a un espace entre ce qui est dit et votre propre réaction à ce qui est dit, dans cet intervalle – peu importe que vous le fassiez durer indéfiniment, longtemps, ou juste quelques seconde – si vous observez bien dans cet intervalle jaillit la clarté totale et lucide. C’est cet intervalle qui constitue le cerveau neuf. Alors que la réaction immédiate, c’est le vieux cerveau, lequel fonctionne dans son propre sens – la voie traditionnelle, admise, réactionnaire, instinctive, animale. Mais dès que tout est en suspens, qu’il y a suspension de la réaction, qu’il y a intervalle vacant, alors vous découvrirez que le cerveau neuf agit, et seul le cerveau neuf, et non celui qui est vieux, a la capacité de comprendre.



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