mardi 22 novembre 2016

La mort


Si vous n’aviez plus qu’une heure à vivre, que feriez-vous ?
N’est-il pas possible de vivre en ce monde, sans ambition, en étant simplement ce que vous êtes ? Si vous commencez à comprendre ce que vous êtes sans essayer d’y rien changer, alors ce que vous êtes fera l’objet d’une transformation.
L’esprit qui meurt chaque jour aux souvenirs d’hier, à toutes les joies et toutes les peines du passé – cet esprit-là  est frais, innocent, il n’a pas d’âge ; et sans cette innocence, que vous ayez dix ou soixante ans, jamais vous ne trouverez Dieu. Il faut mettre fin aux images que nous avons élaborées – celles que nous nous sommes créées de nous-mêmes, de notre famille, de nos relations, l’image que nous avons édifiée à travers nos plaisirs,  nos liens avec la société, nos liens avec toute chose. C’est précisément ce qui se passera à l’heure de notre mort...Après tout, c'est la peur qui est à la base de tout cela – la peur de mourir, la peur de vivre, la peur de souffrir. Si vous ne pouvez pas comprendre l’origine de la peur, et vous en libérer, il importe peu que vous soyez vivant ou mort... De quoi se compose le connu ? D’idées, d’opinions diverses, de ce sens de la continuité que l’on a par rapport au connu, et c’est tout...Les accumulations psychologiques  constituent un barrage à cette souffrance tant qu’elles ne sont pas menacées : je suis un paquet d’accumulations et d’expériences, qui s’opposent à tout ce qui pourrait les déranger, donc j’ai peur, et c’est du connu que j’ai peur...L’esprit doit faire des expériences, c’est inévitable. Il doit répondre à tout ce qui le sollicite – sinon il est déjà mort ; mais il doit être capable de répondre sans être figé par l’expérience.
Lorsque nous parlons d’entité spirituelle, nous désignons par là ce quelque chose qui n’est évidemment pas enclos dans champ de l’esprit. Alors, le « je » est-il une entité spirituelle de ce type ? Tant que la pensée se perpétue à travers la mémoire, le désir, l’expérience, tout renouveau lui sera toujours interdit ; donc, ce qui se perpétue ne peut en aucun cas connaître l’ultime réalité.
Vous aurez beau passer par mille renaissances, jamais vous ne connaîtrez la réalité authentique, car seul ce qui meurt, ce qui cesse d’exister, est capable de renouveau. 
Krishnamurti : Le livre de la méditation et la vie

8 novembre
Vivre dans ce monde de manière anonyme
(…) Je crois possible de vivre en ce monde de manière anonyme, en étant un parfait inconnu, ni célèbre, ni ambitieux, ni cruel. On peut mener une vie très heureuse quand on n’accorde aucune importance au moi, et cela participe aussi d’une éducation juste. Le monde entier idolâtre le succès. (…) La glorification du succès est notre pain quotidien. L’obtention de tout succès important se double aussi d’une grande souffrance ; mais nous nous laissons le plus souvent happer par le désir de réussite, et le succès compte pour nous beaucoup plus que la compréhension et la dissolution de la souffrance.

9 novembre
Plus qu’une heure à vivre
 

Si vous n’aviez plus qu’une heure à vivre, que feriez-vous ? Ne prendriez-vous pas les mesures nécessaires pour régler les choses extérieures, vos affaires, votre testament, et ainsi de suite ? Ne réuniriez-vous pas votre famille et vos amis pour leur demander pardon du mal que vous avez pu leur faire et leur pardonner le mal qu’ils auraient pu vous faire ? Ne mourriez-vous pas totalement aux choses de l’esprit, aux désirs et à ce monde ? Et si une telle chose est réalisable l’espace d’une heure, alors elle est également réalisable au fil des jours et des années qui restent peut-être encore… Essayez et vous trouverez.

10 novembre
Mourir chaque jour
 Qu’est-ce que l’âge ? (…) Votre corps vieillit – votre esprit aussi lorsqu’il se laisse encombrer par toutes les expériences, les misères et la lassitude de l’existence . L’esprit n’est capable de découverte que lorsqu’il est jeune, frais, innocent ; mais l’innocence n’est pas une question de l’âge. Il n’y a pas que l’enfant qui soit innocent, (…) c’est aussi le privilège de l’esprit qui sait vivre ses expériences sans en accumuler les sédiments. L’esprit doit faire des expériences, c’est inévitable. Il doit répondre à tout ce qui le sollicite – (…) sinon il est déjà mort ; mais il doit être capable de répondre sans être figé par l’expérience. Ce sont la tradition, l’accumulation des expériences, les cendres de la mémoire, qui font que l’esprit vieillit. Mais l’esprit qui meurt chaque jour aux souvenirs d’hier, à toutes les joies et toutes les peines du passé – cet esprit-là   est frais, innocent, il n’a pas d’âge ; et sans cette innocence, que vous ayez dix ou soixante ans, jamais vous ne trouverez Dieu.   

11 novembre
La mort perçue en tant qu’état
Nous avons tous peur de mourir. Pour que cesse cette peur, nous devons entrer en contact avec la mort – il ne s’agit pas d’un contact avec l’image que notre pensée se fait d’elle, mais d’une perception réelle de la mort en tant qu’état. Sinon la peur n’en finira jamais, car c’est le mot mort qui suscite la peur. Et nous ne voulons même pas en parler. (…) Pour découvrir ce qu’est la vie de même que pour découvrir ce qu’est la mort, il faut entrer en contact avec la mort, c'est-à-dire mettre fin chaque jour à tout ce que nous avons connu. Il faut mettre fin aux images que      nous avons élaborées – celle que nous nous sommes créée de nous-mêmes, de notre famille, de nos relations, l’image que nous avons édifiée à travers nos plaisirs,  nos lien avec la société, nos lien avec toute chose. C’est précisément ce qui se passera à l’heure de notre mort.

12 novembre
Peur de la mort ?
Pourquoi avez-vous peur de la mort ? Est-ce parce que, peut-être, vous ne savez pas comment vivre ? Si vous viviez pleinement, auriez-vous peur de la mort ? Si vous aimiez les arbres, les couchers de soleil, les oiseaux, la feuille qui tombe, si vous étiez attentif aux hommes et aux femmes qui pleurent, aux pauvres, et si vous aviez vraiment de l’amour dans le cœur, auriez –vous peur de la mort ? (…) La vie pour vous n’est que souffrance, alors la mort vous intéresse beaucoup plus. Vous avez le sentiment que, peut-être, le bonheur sera présent après la mort. 

13 novembre
J’ai peur
Je vais maintenant examiner comment on peut se libérer de la peur du connu, c’est-à-dire  la peur de perdre ma famille, ma réputation, mon caractère, mon compte en banque, mes appétits, et le reste. Vous pouvez dire que la peur est un phénomène de conscience ; mais votre conscience est formée par votre conditionnement, par conséquent elle aussi est le résultat du connu. De quoi se compose le connu ? D’idées, d’opinions diverses, de ce sens de la continuité que l’on a par rapport au connu, et c’est tout…Il y a la peur de souffrir. La douleur physique est un réflexe nerveux ; mais la douleur surgit lorsque je m’accroche à des choses qui me sont agréables, car je redoute alors tout ce qui pourrait m’en priver. Les accumulations psychologiques  constituent un barrage à cette souffrance tant qu’elles ne sont pas menacées : je suis un paquet d’accumulations et d’expériences, qui s’opposent à tout ce qui pourrait les déranger, donc j’ai peur, et c’est du connu que j’ai peur, de ces accumulations physiques ou psychologiques dont je suis entouré pour empêcher l’affliction de se produire…

14 novembre
Seul ce qui meurt peut se renouveler
Lorsque nous parlons d’entité spirituelle, nous désignons par là ce quelque chose qui n’est évidemment pas enclos dans champ de l’esprit. Alors, le « je » est-il une entité spirituelle de ce type ? Si tel est le cas, il doit alors être au-delà même du temps ; il ne peut donc ni se perpétuer ni renaître. (…) Si le « je » est accessible à la pensée, c’est qu’il fait partie du temps ; ce « je » n’est pas affranchi du temps, et n’a donc rien de spirituel ; c’est évident. (…) Ce « je » - cette entité qui est un processus de pensée – peut-il jamais être quelque chose de neuf ? S’il ne peut pas, alors  il faut que la pensée s’achève. (…) Ce qui a une continuité ne peut jamais se renouveler. Tant que la pensée se perpétue à travers la mémoire, le désir, l’expérience, tout renouveau lui sera toujours interdit ; donc, ce qui se perpétue ne peut en aucun cas connaître l’ultime réalité. Vous aurez beau passer par mille renaissances, jamais vous ne connaîtrez la réalité authentique, car seul ce qui meurt, qui cesse d’exister, est capable de renouveau.





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