samedi 12 novembre 2016

La vie

N’est-il pas essentiel qu’il y ait, en permanence, un renouveau, une renaissance ? Si le présent est étouffé par l’expérience d’hier, aucun renouveau n’est possible. Toute notre tradition, tout notre arrière-plan passé nous incitent à éluder la question, ou à trouver des justificatifs, plutôt que d’en être curieux. Au lieu de lui accorder une attention passive, l’esprit cherche en permanence à agir sur le problème...Une expérience qui a été vécue de manière pleine et entière ne laisse derrière elle aucune trace. Seules les expériences inachevées laissent leur empreinte, donnant une continuité à la mémoire, qui s’identifie alors avec le moi.
Nous devons savoir vivre en un jour les quatre saisons, avoir une conscience aiguë de toutes nos expériences, les vivre et les comprendre – puis nous libérer de tout ce vécu engrangé chaque jour.
Et comme la chanson nous échappe, nous courons après le chanteur. Nous apprenons du chanteur la technique du chant, mais il n’y a pas de chanson ; et moi, je dis que l’essentiel, c’est la chanson, que l’essentiel, c’est la joie de chanter. Quand la joie est là, la technique peut se construire à partir de rien ; vous inventerez votre propre technique. Quand on a la joie, les yeux s’ouvrent, et l’acte de voir la beauté est un art en soi.
Si nous réussissons à savoir en quoi consiste cet esprit de coopération né de la compréhension du mécanisme global de l’esprit, et au sein duquel on est libéré de l’égo, alors il devient possible de créer une civilisation nouvelle, un univers totalement différent, où il n’est plus de soif de possession, d’envie, ni de comparaison. Et il ne s’agit nullement de théories, d’une utopie, mais de l’état effectif qui est celui d’un esprit qui, sans relâche, s’interroge, et poursuit ce qui est sain et vrai.
L’important n’est donc pas de demander : « Quel est le but de la vie, la finalité l’existence ? », mais de dissiper la confusion qui est en vous.
Si vous savez clarifier cette confusion qui est en vous, alors vous découvrirez quelle est la finalité de l’existence ; vous n’aurez plus besoin de la chercher ; la seule chose que vous ayez à faire, c’est vous libérer des causes qui sont responsables de la confusion.
Krishnamurti : Le livre de la vie et la méditation
1er novembre
Rompre avec ses habitudes
Nous devons donc chercher à comprendre tout ce processus d’instauration et d’abandon des habitudes. Nous pouvons prendre comme exemple le tabagisme. Et vous pouvez substituer à cet exemple une habitude, un problème qui vous est propre, et explorer directement votre problème, (…) Tant que je suis satisfait de la situation, cela ne constitue pas un problème. Il ne se pose que lorsque je suis obligé d’agir sur une habitude particulière devenue gênante. Fumer m’occasionne une gêne, je veux cesser de fumer, j’ai donc vis-à-vis de tabac une attitude de résistance ou de condamnation. Autrement dit, dès lors que je désire m’arrêter de fumer, j’ai tendance soit à refouler mon envie, soit à la condamner, soit à lui trouver un substitut. Par exemple, au lieu de fumer, je mâche du chewing-gum.  Puis-je donc avoir, sur ce problème de tabagisme, un regard sans la moindre trace de condamnation, de justification ou de répression, pas plus que de rejet ? 

2 novembre
Vivre en un jour les quatre saisons
(…) Le renouveau n’est pas l’action alternée de la naissance et de la mort ; il est au-delà des contraires ; seule la délivrance de toute cette accumulation des souvenirs peut susciter un renouveau, et il n’est de compréhension que dans le présent.
 L’esprit ne peut comprendre le présent que s’il ne juge ni ne compare ; c’est le désir de modifier ou de condamner le présent sans le comprendre qui donne au passé sa pérennité. Ce n’est qu’en comprenant, sans distorsion, le reflet du passé dans le miroir du présent, que naît le renouveau…
Une expérience qui a été vécue de manière pleine et entière ne laisse derrière elle aucune trace – ne l’avez-vous pas vous-même constaté ? Seules les expériences inachevées laissent leur empreinte, donnant une continuité à la mémoire, qui s’identifie alors avec le moi. Nous considérons le présent comme moyen d’accès à une fin, ce qui lui ôte son immense signification. Le présent, c’est l’éternel. Mais comment un esprit fabriqué, créé de toutes pièces, peut-il comprendre ce qui n’est le fruit d’aucune création, qui est au-delà de toute valeur – l’éternel ?
A mesure que surgit chaque expérience, vivez-la aussi pleinement et aussi intensément que possible ; réfléchissez-y, vivez-la jusqu’au bout, dans toutes ses dimensions, toute sa profondeur ; soyez conscient de tout ce qui s’y associe – le plaisir, la douleur, vos jugements et vos justifications. Ce n’est qu’une fois l’expérience achevée qu’il y a renouveau. Nous devons savoir vivre en un jour les quatre saisons, avoir une conscience aiguë de toutes nos expériences, les vivre et les comprendre – puis nous libérer de tout ce vécu engrangé chaque jour.

3 novembre
Une créativité anonyme
Avez-vous déjà songé à la question ? Nous voulons la célébrité, en tant qu’écrivain, poète, peintre, politicien, chanteur, que sais-je encore. Parce que nous n’aimons pas vraiment ce que nous faisons. Si vous aimiez chanter, ou peindre, ou écrire des poèmes – si vous aimiez vraiment cela –, vous ne vous inquiéteriez pas d’être célèbre ou non. Le désir de célébrité est une marque de mauvais goût, de trivialité, de stupidité, (…) Notre éducation actuelle ne vaut rien du tout, car elle nous apprend à préférer le succès à ce que nous faisons. L’importance du résultat prend le pas sur celle de l’action. 
C’est beau, pourtant, de garder secret l’éclat de son talent, d’être anonyme, d’aimer ce que l’on fait, sans ostentation. C’est bien d’être bon en taisant son nom.(…) Vous êtes simplement un être humain créatif, vivant  de façon anonyme, et il y a en cela une grande richesse, une grande beauté.

4 novembre
Des techniques creuses
Créativité et prouesse technique sont inconciliables. Vous pouvez jouer du piano à la perfection, et ne pas être créatif ; vous pouvez être un brillant pianiste, et ne pas être musicien. (…) La création précède la technique, et c’est pour cette raison que nous sommes malheureux tout au long de notre vie. Nous avons la technique – nous savons construire une maison, bâtir un pont, éduquer nos enfants selon un système (…) mais nos cœurs et nos esprits sont vides.
Nous sommes des machines de première classe ; nous savons fonctionner à merveille, mais nous n’aimons pas la moindre chose au monde. Certes, vous pouvez être un bon ingénieur, un bon pianiste, écrire dans un style parfait (…), mais la créativité, elle, ne s’acquiert pas par une technique. Si l’on a quelque chose à dire, on crée son propre style ; mais quand on n’a rien à dire, le style a beau être magnifique, c’est toujours la routine traditionnelle, la même vielle rengaine qui revient sous d’autres mots…Et comme la chanson nous échappe, nous courons après le chanteur. Nous apprenons du chanter la technique du chant, mais il n’y a pas de chanson ; et moi, je dis que l’essentiel, c’est la chanson, que l’essentiel, c’est la joie de chanter. Quand la joie est là, la technique peut se construire à partir de rien ; vous inventerez votre propre technique. Quand on a la joie, les yeux s’ouvrent, et l’acte de voir la beauté est un art en soi.

5 novembre
Savoir quand s’abstenir de coopérer
Les réformateurs, - politiques, sociaux et religieux – n’apporteront à l’homme que souffrances accrues, à moins qu’il ne comprenne les agissements de son propre esprit. C’est grâce à cette compréhension du mécanisme intégral de l’esprit que naît une révolution intérieure, surgit une action de coopération vraie, qui n’est pas une coopération soumise à un modèle, à une autorité, à quelqu’un « qui sait ». Quand vous saurez coopérer, à cause justement de cette révolution intérieure, vous saurez aussi quand vous abstenir de coopérer – chose très importante, peut-être la plus importante de toutes. (…) Si nous réussissons à savoir en quoi consiste cet esprit de coopération né de la compréhension du mécanisme global de l’esprit, et au sein duquel on est libéré de l’égo, alors il devient possible de créer une civilisation nouvelle, un univers totalement différent, où il n’est plus de soif de possession, d’envie, ni de comparaison. Et il ne s’agit nullement de théories, d’une utopie, mais de l’état effectif qui est celui d’un esprit qui, sans relâche, s’interroge, et poursuit ce qui est sain et vrai.

6 novembre
La criminalité, pourquoi ?
(…) La révolution complète, extérieure à la société, c’est ce que j’appelle la révolution religieuse. Toute révolution qui n’est pas religieuse reste limitée au contexte social ; ce n’est donc en aucun cas une révolution ; c’est la continuation modifiée, des anciens schémas.
(…) Grâce à une éducation adéquate, nous pourrions peut-être faire éclore une compréhension différente, en contribuant à libérer l’esprit de tout conditionnement – c’est-à-dire en encourageant les jeunes à être attentifs aux multiples influences qui conditionnent l’esprit et l’asservissent au conformisme.

7 novembre
Le but de la vie
(…) Quel but peut bien avoir votre vie, alors que vous êtes vous-même en pleine confusion ? (…) Comment puis-je trouver une réponse véridique alors même que je suis plongé dans la confusion, la réponse que je  reçois ne peut être elle-même que confuse. Si j’ai l’esprit confus, perturbé, toute réponse, quelle qu’elle soit, me parviendra à travers cet écran de confusion, d’angoisse, et de peur ; par conséquent, la réponse sera pervertie. L’important n’est donc pas de demander : « Quel est le but de la vie, la finalité l’existence ? », mais de dissiper la confusion qui est en vous. C’est comme un aveugle qui demanderait : « Qu’est ce que la lumière ? » Si je lui explique ce qu’est la lumière, il écoutera en fonction de sa cécité, des ténèbres qui sont les siennes ; mais supposons qu’il puisse voir – dans ce cas, jamais il ne demandera « Qu’est-ce que la lumière ? » puisque la lumière est là.






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